29 septembre 2009

Tag lecture


" Emma m'a taguer " et j'ai accepté avec joie de me prêter à l'exercice même si il est toujours très difficile de faire des choix en matière de lecture :)

1) A quel livre dois-tu ton premier souvenir de lecture?
Je crois qu'il doit s'agir des "Contes de Grimm" que je connaissais par coeur avant même de savoir les lire.
Mon père avait même fait croire à un ami que je savais lire à 3 ans. Il avait placé le livre devant moi et je m'étais mise "à lire", son ami n'en revenait pas. Puis mon père a retourné le livre et j'ai continué "à lire".
Jusqu'au jour où je n'ai plus eu besoin de quelqu'un pour me conter les histoires :)

2) Quel est le chef-d'oeuvre "officiel" qui te gonfle?
J'avoue n'avoir jamais réussi à finir "Germinal" (alors j'ai vu le film pour en connaître la fin...) mais le premier qui me vient à l'esprit est " Voyage au bout de la nuit", pas accroché...du tout (et pas fini non plus d'ailleurs).

3) Quel classique absolu n'as-tu jamais lu?
"Guerre et paix" mais il est dans ma PAL (depuis un an...)

4) Quel est le livre, unanimement jugé mauvais, que tu as "honte" d'aimer?
Je n'ai jamais vraiment eu honte d'aimer un livre même si il ne me serait jamais venu à l'idée d'ouvrir "Le Diable s'habille en Prada" dans le bus...
Par contre, je me souviens qu'à l'époque où je lisais "Les monologues du vagin", j'ai vu quelques personnes pâlir dans le bus à la vue du titre...

5) Quel est le livre que tu as le sentiment d'être seule à aimer?
Le mien, mais je suis quasiment la seule à l'avoir lu^^

6) Quel livre ferais-tu lire à ton pire ennemi pour le torturer?
Idem (rire gras)

EDIT du 2/10 : Après m'être souvenue d'une scène de "Vilaine", je me disais qu'il serait cruel de faire lire un livre dont j'aurais arraché les pages de fin...Un policier par exemple, un récit bien haletant...

7) Quel livre aimerais-tu faire découvrir au monde entier?
Au risque de passer pour une vieille réac' mais tant pis : le dictionnaire car j'ai l'impression qu'on s'en sert de moins en moins.

8) Quel livre pourrais-tu lire et relire?
Déjà je vais commencer par lire une première fois la centaine de livres qu'il me reste dans ma PAL ensuite je relirai sans doute "L'éducation d'une fée" pour vérifier si il s'agit toujours de mon préféré (et curieusement je commence à avoir de sérieux doutes).

9) Quel livre faut-il lire pour y découvrir un aspect de ta personnalité?
Je suis au moins obligée d'en citer 3 : " Le journal de Bridget Jones", "Cher éditeur" et "Parler de la mort me rend triste et méchante".

10) Quel livre t'a fait verser tes plus grosses larmes?
"Tristan et Iseult", "La femme lapidée", "Se résoudre aux adieux" et j'en oublie sans doute plein.

11) Quel livre t'a procuré ta plus forte émotion érotique?
(Maman, circule, y a rien à voir)
"Basic Instinct" de Richard Osborne. Ma mère m'interdisait de voir le film mais n'a jamais surveillé mes prêts de bibliothèque...Ah le frisson du pic à glace!

12) Quel livre emporterais-tu sur une île déserte?
Tout dépend du temps passé sur l'île mais si j'en ai pour longtemps, je risque de devenir légèrement autiste voire carrément schizophrène. Je m'inventerais des amis, des voix donc dans ce cas-là rien de tel que des pièces de théâtre.
Une anthologie de Feydeau tomberait à point nommé!

13) De quel livre attends-tu la parution avec la plus grande impatience?
Je n'ai pas de livre en vue en particulier mais je suis curieuse de savoir ce que peut bien concocter J.K Rowling et je n'ose même pas imaginer la pression "post-Harry".

14) Quel est selon toi le film adapté d'un livre le plus réussi?
Là comme ça tout de suite je dirais "Million Dollar Baby", l'une des nouvelles de F.X Toole, dont Clint Eastwood a réalisé une adaptation magistrale.

Voilou! A mon tour de taguer...voyons voyons... Solenn, Emma, Cécile, Daniel, Marie et Praline ("plus tous ceux qui le veulent" comme dirait l'autre).

24 septembre 2009

Sa passion - Véronique Olmi


" Sa passion" est l'histoire d'Hélène, une romancière dans la trentaine qui s'établit dans une triste chambre d'hôtel à Sologne, le temps de la Foire du Livre.
Alors qu'elle s'apprête à passer la soirée avec d'autres participants, elle reçoit un sms de Patrick, l'amour de sa vie qu'elle a quitté 10 jours plus tôt.
Mais pourquoi le quitter si c'est l'homme de sa vie? Parce qu'il est marié et qu'il n'est pas prêt de quitter sa femme.
Il a suffi de ce sms, de 3 mots pour qu'Hélène regagne sa chambre et rappelle Patrick.
Il a suffi d'un rire de Patrick pour que tout remonte à la surface : les souvenirs d'une enfance partagée entre des parents pauvres et une cousine riche en manque d'enfants, des allers-retours Perpignan Orly, de l'amour de cet homme dont la vie est ailleurs, de cette sensation de manque qui ne l'a jamais quittée.
Hélène se souvient avoir toujours été trimbalée sans jamais appartenir à personne.
Elle souffre dans cette chambre d'hôtel sinistre qui la renvoie à sa solitude.
Alors elle traverse une forêt, vole une voiture et se rend à Paris, dans ce lieu interdit qu'est la demeure de son amant, cet homme qui a osé rire...

" Sa passion " est l'histoire d'une nuit qui n'en finit pas, non en raison d'ébats à répétition entre deux amants comme le laisse faussement croire la couverture, mais parce qu'Hélène distille toute sa vie en à peine quelques heures.
L'utilisation de flashbacks était à cet effet une bonne idée. Malheureusement et malgré quelques jolis passages, j'ai trouvé que la forme ne suivait pas.
Beaucoup de longueurs dans un roman pourtant concis et une utilisation hasardeuse et pas toujours justifiée de la ponctuation qui ferait frémir Erik Orsenna.
Un portrait très sombre que j'ai trouvé assez déprimant.
Comme je n'aime pas renoncer à un auteur sur base d'une seule oeuvre, je tenterai toutefois "Mathilde" ou "Numéro 6".

Extrait :

" Elle ne se parlait plus, ne s'encourageait pas, elle était appelée par ce monde nouveau, ce monde ancestral nouveau pour elle. Elle avait vécu des insomnies, déjà, traversé des forêts, mais jamais uni ces deux actes : traverser une forêt une nuit d'insomnie. Elle avait dressé tant de cloisons dans sa vie, décidé de tant d'impossibles, par manque d'imagination, désir de vivre avec les autres et comme les autres, faire partie de leur temps de leur monde, mais maintenant, dans les premières lueurs timides de l'aube, elle sentait le mensonge s'évanouir, plus elle entrait dans la forêt et plus le jour se levait avec peine, comme si elle-même l'avait porté en ces lieux - et les leurres anciens se diluaient." p.126

D'autres avis : Clarabel - Les petits livres - Lily et ses livres

22 septembre 2009

Dernier inventaire avant liquidation - Frédéric Beigbeder


"
Les chefs-d'oeuvre détestent qu'on les respecte ; ils préfèrent vivre, c'est-à-dire être lus, triturés, contestés, abîmés- au fond, je suis persuadé que les chefs-d'oeuvre souffrent d'un complexe de supériorité (il serait temps de faire mentir la boutade d'Hemingway : "un chef-d'oeuvre est un livre dont tout le monde parle et que personne ne lit"). " p.15

Tel est le constat apposé dans la préface ( ici disponible en intégralité) -et certainement partagé par la plupart des blogueurs dont moi-même - de ce "Dernier inventaire avant liquidation", essai consacré aux 50 premiers livres du 20ème siècle choisis par 6000 Français durant l'été 1999.
A noter que pour guider leurs choix, les répondants durent piocher parmi les 200 titres présélectionnés par des libraires et des critiques.
Il en résulta une liste de 100 ouvrages qui, pour les besoins de cet inventaire, fut ramenée à un top 50 :

1) "L'étranger" d'Albert Camus
2) "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust
3) "Le procès" de Franz Kafka
4) "Le petit Prince" d'Antoine de Saint-Exupéry
5) "La condition humaine" d'André Malraux
6) "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline
7) "Les raisins de la colère" de John Steinbeck
8) "Pour qui sonne le glas" d'Ernest Hemingway
9) "Le grand Meaulnes" d'Alain Fournier
10) "L'écume des jours" de Boris Vian
11) "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir
12) "En attendant Godot" de Samuel Beckett
13) "L'être et le néant" de Jean-Paul Sartre
14) "Le nom de la rose" d'Umberto Eco
15) "L'archipel du Goulag" d'Alexandre Soljenitsyne
16) "Paroles" de Jacques Prévert
17) "Alcools" de Guillaume Apollinaire
18) "Le lotus bleu" d'Hergé
19) "Journal" d'Anne Frank
20) "Tristes tropiques" de Claude Lévi-Strauss
21) "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley
22) "1984" de George Orwell
23) "Astérix le Gaulois" de Goscinny et Uderzo
24) "La cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco
25) "Trois essais sur la théorie sexuelle" de Sigmund Freud
26) "L'oeuvre au noir" de Marguerite Yourcenar
27) "Lolita" de Vladimir Nabokov
28) "Ulysse" de James Joyce
29) "Le désert des Tartares" de Dino Buzzatti
30) "Les faux-monnayeurs" d'André Gide
31) "Le hussard sur le toit" de Jean Giono
32) "Belle du seigneur" d'Albert Cohen
33) "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez
34) "Le bruit et la fureur" de William Faulkner
35) "Thérèse Desqueyroux" de François Mauriac
36) "Zazie dans le métro" de Raymond Queneau
37) "La confusion des sentiments" de Stefan Zweig (YES dit Cécile^^)
38) "Autant en emporte le vent" de Margaret Mitchell
39) "L'amant de lady Chatterley" de D.H Lawrence
40) "La montagne magique" de Thomas Mann
41) "Bonjour Tristesse" de Françoise Sagan
42) "Le silence de la mer" de Vercors
43) "La vie mode d'emploi" de Georges Pérec
44) "Le chien des Baskerville" d'Arthur Conan Doyle
45) "Sous le soleil de Satan" de Georges Bernanos
46) "Gatsby le Magnifique" de Francis Scott Fitzgerald
47) "La plaisanterie" de Milan Kundera
48) "Le mépris" d'Alberto Moravia
49) "Le meurtre de Roger Ackroyd" d'Agatha Christie
50) "Nadja" d'André Breton

(11/50 lus, 6 dans ma PAL, 11 dans ma LAL et heu...pour les autres on verra...)

Beigbeder n'a donc pas fait le classement lui-même comme il le précise (auquel cas y figureraient sans doute Salinger et Bret Easton Ellis) mais a choisi de lire et de commenter en environ 3 pages par titre chacun de ces 50 ouvrages (on sent d'ailleurs la frustration de l'écrivain à devoir se restreindre dans le nombre de pages, mais aussi celle de ne pas figurer lui-même dans le classement^^).
"Dernier inventaire avant liquidation" est dès lors un répertoire concis décrivant pour chaque titre quelques rudiments biographiques sur l'auteur, un résumé de l'oeuvre, des liens et, bien entendu, des considérations personnelles de Beigbeder.

On y apprend ainsi que Fitzgerald est "mort à 44 ans, alcoolique et inconnu, 8 ans avant que sa femme ne disparaisse à son tour, brûlée vive dans l'incendie de son asile de fous, en 1948" (comme quoi l'écriture ne rend pas forcément heureux...ni beau comme me le signalait récemment une amie).
Mais aussi que "La vie mode d'emploi" se compose de 99 chapitres, 107 histoires différentes et 1467 personnages (quand je pense que les 35 héros des "Faux-Monnayeurs" m'effrayaient déjà...), que " le féminisme est la seule utopie réussie du 20ème siècle", que pour décrocher un Nobel en littérature il suffit de mentionner le mot "montagne" dans son titre, que Stefan Zweig peut se résumer à l'équation (Goethe+Freud) x Proust, que Mauriac est un Gide hétéro et que...et que...
Non, "Dernier inventaire avant liquidation" n'est pas seulement un patchwork d'anecdotes mais il est aussi un ouvrage sympathique qui donne envie de (re)découvrir quelques classiques comme "Belle du seigneur" ou "Le Meilleur des Mondes" et d'épousseter "Bonjour tristesse" :

" Un petit roman parfait, débordant d'une émotion fragile, un livre comme on en lit très peu dans sa vie, un chef-d'oeuvre mystérieux, impossible à analyser, qui vous fait vous sentir à la fois moins seul et plus seul." p.57

Même si je ne partage pas l'enthousiasme de l'écrivain pour "Voyage au bout de la nuit/l'ennui", je dois bien avouer que ce livre tombait à pic en cette semaine où fleurissent les listes chez les un(e)s et les autre(s).

Le Monde sans les enfants et autres histoires - Philippe Claudel


Des petites filles qui mettent les fées à la porte en leur conseillant un psy ou qui inventent un vaccin pour rendre les gens gentils, des petits garçons changés en pot-au-feu ou qui entrent dans les livres, un chasseur de cauchemars, un âne qui veut devenir blanc ou encore un cahier amoureux d'une tenue de danse, Philippe Claudel propose 20 historiettes à l'usage des jeunes et des moins jeunes.
Au détour d'anecdotes, de poèmes, de contes ou encore de chansons, l'auteur met en scène des thèmes délicats pour rendre justice à des valeurs souvent négligées.
En commençant ce recueil d'histoires par une disparition massive d'enfants du monde entier, Claudel nous pose cette simple question : que serait le monde sans les enfants?
C'est sur ce petit billet que je quitte (momentanément) l'univers des romans jeunesse pour me replonger dans les crimes, les personnalités contraires, les mensonges, les trahisons, les spleens, les chantages, les mots compliqués, les infamies, les rebondissements, les déceptions, les magouilles, les abus de pouvoir, les larmes, les manipulations, les endives sans oublier quand même l'amûûûûûûûûûr des adultes.
Mais avant cela, un petit moment consacré à ces petits êtres d'exception :



D'autres avis : Florinette - Caro(line) - Liliba

21 septembre 2009

Pimp my fridge!


Suite à un tag proposé par Liliba, voici donc une photo de mon ancêtre frigo (18 ans quand même! Comme quoi les vieilles choses tiennent toujours plus longtemps ;))
Le vieux est arrivé chez moi il y a 6 ans dans une couleur frisant le blanc-jaune-beurk.
Trois pots de "rouge passion" et quelques coups de pinceau plus tard, voici quel fut le résultat. J'adore mon frigo, voilà c'est dit!

20 septembre 2009

De la terrible et magnifique histoire des créatures les plus moches de l'univers - Thomas Gunzig


Polo a 11 ans, vit avec son grand-père et travaille depuis 6 ans à l'usine Farben qui fabrique des crayons.
Le petit garçon trime à la chaîne 12 heures par jour comme tous les habitants de la ville.
Bien souvent, il se fait racketter à la sortie du boulot par Jean-Yves, un renégat plus âgé qui a réussi à échapper à l'usine et à la prison.
Mais un jour Polo décide de réagir et se procure une arme. A l'issue d'une violente dispute, les deux garçons se retrouvent tous deux incarcérés et décident de se serrer les coudes.
Alors qu'ils tentent de s'évader de prison, une étrange créature portant un scaphandrier les aide à rejoindre la sortie.
Les deux garçons se réveillent 3 jours plus tard dans ce qui pourrait bien être un immense vaisseau spatial...
Les occupants du vaisseau appelés Yurks sont d'une extrême laideur, à tel point qu'ils refusent tout contact visuel entre eux et encore moins avec les humains.
Or Polo et Jean-Yves apprennent qu'ils n'ont pas été sauvés par hasard : les Yurks ont besoin d'eux pour revêtir une apparence plus acceptable...

Je ne connaissais Thomas Gunzig qu'au travers de pièces théâtrales ( "Les contes héroïco-urbains" et "Les origines de la vie") qui m'avaient toutes deux laissé de bons souvenirs.
Ce n'est que plus récemment que j'ai pu découvrir l'existence de livres écrits par l'auteur.
Celui-ci est un roman destiné à la jeunesse mais dont le charme, l'humour et les aspects satyriques séduiront également les adultes.

Extraits :

" - Quand j'avais ton âge, le monde était bien différent. Les enfants ne travaillaient pas, les usines et les compagnies comme celles de Farben ne dirigeaient pas tout...
- Qu'est-ce qui s'est passé alors?
- Personne ne sait exactement. Je crois que ça doit être lié au pouvoir de l'argent. Les gouvernements faisaient de plus en plus de compromis avec les grosses sociétés, on leur accordait de plus en plus de droits, les gens en avaient de moins en moins. Et puis les gouvernements ont fini par disparaître et par être remplacés par des conseils d'actionnaires.
" Mondialisation " on appelait ça. Au début, on trouvait ça formidable, on croyait que ça apporterait la paix et la prospérité et, au lieu de ça, regarde où ça nous a menés. Des enfants qui travaillent douze heures par jour. La misère...
- Ca peut peut-être encore changer, fit Polo.
- C'est bien, petit, garde l'espoir. Ca, au moins, c'est gratuit. " p.44

"
Il y a effectivement une espèce intelligente sur cette planète. Elle a su tirer parti de son intelligence mais d'une manière étrange car elle semble l'utiliser pour asservir ou dominer toutes les autres espèces.
Ces autres espèces servent même souvent de matières premières, d'objets décoratifs ou même de nourriture.
(...) Cette espèce intelligente a poussé une sorte de développement industriel archaïque et polluant au delà de la capacité d'absorption de la planète qui montre des signes de déséquilibre à plusieurs niveaux, à tel point que cette espèce intelligente met sa propre survie en danger. " p.52

Thomas Gunzig est également connu pour son premier roman " Mort d'un parfait bilingue " ( qui ne restera plus dans ma PAL bien longtemps) et vient de sortir un recueil de nouvelles intitulé " Assortiment pour une vie meilleure ".

Le blog de l'auteur où vous pourrez découvrir des réflexions piquantes mais souvent justes sur la société et ses travers.

Pour écouter une histoire audio de l'auteur : " La Gambas "

Petite anecdote : Thomas Gunzig affrontait son éditeur Luc Pire sur un tatami lors de la Foire du Livre 2008.
L'enjeu? Récupérer les droits sur son livre "Carbowaterstoemp ". Une drôle d'initiative qui a toutefois porté ses fruits! (pour le détail de l'affaire, cliquez ici)
Cet auteur m'est décidément de plus en plus sympathique :)

Coraline - Neil Gaiman


Coraline Jones emménage avec ses parents dans une maison à appartements occupée par Mr Bobo, un dresseur de rats musiciens, et les demoiselles Spink et Forcible, comédiennes célèbres à la retraite.
Malgré ses visites régulières chez les voisins, Coraline s'ennuie; d'autant que ses parents, bien que travaillant à la maison, n'ont jamais de temps à lui consacrer.
La petite fille décide alors de partir explorer les alentours de la maison mais n'y trouve rien qui éveille sa curiosité.
Mais un jour, alors qu'elle inventorie les objets à la demande de son père (quelle brillante idée de jeu...), Coraline découvre l'existence d'une porte débouchant sur un simple mur de briques.
Une simple mur de briques dites-vous? Bien sûr que non. Au-delà de cette porte condamnée se trouve un univers parallèle, identique au sien ou du moins en apparence car, pour autant qu'elle s'en souvienne, les parents de Coraline ne portaient pas de boutons à la place des yeux, ne cuisinaient pas des plats comme elle les aime et ne se souciaient pas de son bien-être.
Quelque chose cloche dans ce monde de l'à peu près et Coraline est bien décidée à découvrir ce qu'il en est réellement...

Un savoureux roman fantastique qui, comme cela a déjà été souligné, nous rappelle l'univers d'Alice au Pays des Merveilles mais aussi de la Famille Adams.
Mais les apparences sont trompeuses. Derrière une structure de récit semblable à la trame de nombreux contes de fées (absence des parents, héros mis à l'épreuve, distinction entre le Bien et le Mal, animaux fantastiques, happy end), se cache un univers décalé, sombre et angoissant duquel même les adultes ne s'échappent pas sans frissons.
Rien d'étonnant donc à ce que le réalisateur de "L'Etrange Noël de Monsieur Jack "ait adapté "Coraline" au cinéma :




J'ai aimé ce roman comme on aime les montagnes russes car j'y ai ressenti cette sensation de peur que je prends toutefois plaisir à prolonger! Une expérience que j'espère retrouver dans les autres romans de Neil Gaiman.

Extraits :

" - Coraline? Ah, tu es là. Mais enfin, où étais-tu passée?
- J'ai été enlevée par des extraterrestres. Ils ont débarqué de l'espace avec des désintégrateurs, mais je les ai eus en mettant une perruque et en riant avec un accent étranger, ce qui fait que j'ai pu m'enfuir.
- Mais oui, ma chérie. Dis donc, tu ne crois pas que tu aurais besoin de barrettes? " p.28

" Le chat s'arrêta, puis s'assit et, pensif, entreprit de faire sa toilette, sans paraître conscient de la présence de Coraline.
" On...pourrait être amis, tu sais, reprit-elle.
Ouais...et on pourrait aussi être des spécimens rares appartenant à une espèce peu commune d'éléphants danseurs originaires d'Afrique. Sauf que ce n'est pas le cas. Du moins en ce qui me concerne", ajouta-t-il toutes griffes dehors.
Coraline soupira.
" S'il te plaît...Comment t'appelles-tu? Moi c'est Coraline."
Le chat bâilla sans se presser, voire avec application, en dévoilant une bouche et une langue extraordinairement roses. "Un chat, ça n'a pas de nom, répondit-il enfin.
- Ah bon?
- Non. C'est bon pour vous autres, les noms. Parce que vous ne savez pas qui vous êtes. Mais nous, nous le savons; alors nous n'en avons pas besoin."
Coraline trouvait ce chat d'un égocentrisme énervant. A l'entendre, il était le seul être au monde qui ait de l'importance." p.38

D'autres avis : Sous le feuillage - Raison et sentiments - Mille et une pages - Mon coin lecture

17 septembre 2009

Potage tomates - bananes

Ingrédients :

- 1L d'eau
- 2 cubes de bouillon de boeuf
- 2 bananes
- 1 boîte de tomates pelées concassées (400-500ml)
- 1 càc de curry

Préparation :

- Portez 1L d'eau à ébullition avec les cubes de bouillon.
- Coupez les bananes en rondelles.
- Ajoutez les bananes, le curry et les tomates concassées dans la casserole.
- Faites cuire cette mixtouille 20min à feu doux.
- Mixez finement et ajoutez sel, poivre, crème fraîche, croûtons si besoin est.

J'ai quand même eu un doute à la vue de ce magma en fusion, craignant que le goût de la banane ne soit trop présent.











Résultat :

Un mélange délicieusement audacieux!
Les bananes se goûtent légèrement et suppriment, avec le curry, l'acidité de la tomate.
Je me suis régalée!
Essayez, vous serez conquis(es)!

16 septembre 2009

Inconnu à cette adresse - K.Kressmann Taylor


Max Eisenstein et Martin Schulse sont les meilleurs amis du monde et les heureux propriétaires d'une galerie d'art à San Francisco.
En novembre 1932, Martin quitte les USA pour retrouver son pays natal, l'Allemagne. S'établit alors une correspondance qui dévoile des anecdotes intimes et professionnelles entre le juif américain et l'allemand.
Max parle avec fierté de sa soeur Griselle, une actrice en devenir avec laquelle Martin eut une brève liaison tandis que son ami se targue du luxe de sa nouvelle vie.
Mais très vite, le ton change. Alors que Max manifeste à Martin son inquiétude face à l'ascension d'un certain Adolf Hitler, son ami devenu fervent patriote le prie de cesser toute correspondance avec lui si ce n'est pour évoquer les affaires.
Max a peine à croire que son ami puisse avoir été endoctriné par le régime nazi et continue de lui écrire, rongé par l'inquiétude qu'un malheur ne soit arrivé à sa soeur Griselle, partie se produire sur les scènes allemandes.
Les lettres de Martin se veulent sans cesse plus cruelles, occultant une amitié de longue date au nom de l'anti-sémitisme.
Le 3 mars 1934, la dernière lettre de Max lui revient avec pour seule inscription "inconnu à cette adresse".

Une nouvelle rédigée en 1938 par Kathrine Kressmann Taylor, une journaliste américaine d'origine allemande.
Ce récit épistolaire connut un vif succès aux USA dès sa sortie en 1938, à l'heure où la seconde guerre mondiale était sur le point d'éclater.
Bien que la correspondance entre les deux hommes soit très brève, l'auteur a réussi à retranscrire dans un style percutant toute la cruauté dont est capable un homme au service d'une idéologie.

Extrait :

" La race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. Je n'ai jamais haï les Juifs en tant qu'individus - toi, par exemple, je t'ai toujours considéré comme mon ami -, mais sache que je parle en toute honnêteté quand j'ajoute que je t'ai sincèrement aimé non à cause de ta race, mais malgré elle.
Le Juif est un bouc-émissaire universel. Il doit bien y avoir une raison à cela, et ce n'est pas la superstition ancestrale consistant à les désigner comme les "assassins du Christ" qui éveille une telle méfiance à leur égard.
Quant aux ennuis juifs actuels, ils ne sont qu'accessoires. Quelque chose de plus important se prépare." p.34


D'autres avis : La tourneuse de pages - In Cold Blog - Malice - Lilly et ses livres

15 septembre 2009

Des parents sur mesure - Michael Ende


Lena est une petite fille qui ne supporte pas d'être contrariée par ses parents, à tel point qu'elle décide de parcourir la ville dans l'espoir de trouver une fée qui puisse l'aider à mettre fin à cet entêtement.
C'est au n°13 de la rue des Pluies, une rue constamment sous averses, que Lena rencontre Francina Enigma, une fée à 6 doigts qui dispose d'une horloge pour le moins étrange puisqu'elle n'indique qu'une seule heure : minuit, l'heure des sortilèges.
La fée remet à Lena deux sucres magiques dont le pouvoir est de réduire de moitié les parents de Lena à chaque fois qu'ils ne cèderont pas à ses caprices.
La fillette s'amuse beaucoup de voir ses parents rétrécir à vue d'oeil mais un enfant peut-il vraiment se passer de ses parents au quotidien?
Francina Enigma l'avait prévenue, si Lena souhaite mettre fin au sortilège, la seconde consultation risque de lui coûter un sacrifice de taille...

Dans le même esprit que "Chérie j'ai rétréci les gosses", voici les aventures de Lena et de ses mini-parents.
Un petit conte d'à peine 80 pages dans lequel on retrouve sous forme condensée le sens de l'humour et du merveilleux de Michael Ende, auteur de "Momo" et de "L'histoire sans fin".
A glisser dans les mains des enfants trop gâtés^^

Charlie et le grand ascenseur de verre - Roald Dahl


Les aventures de Charlie se poursuivent! Mais cette fois, c'est toute la famille Bucket qui embarque dans l'ascenseur de verre de Willy Wonka.
Un voyage à la destination imprévue qui les mènera dans l'espace, à la découverte du Space Hôtel USA, le premier hôtel spatial au monde!
Mais l'hôtel est habité par d'étranges créatures, les Kpoux Vermicieux venus de la planète Vermiss, que Charlie et sa famille devront affronter si ils veulent sauver leurs vies en plus de celles du personnel de bord de l'hôtel spatial.
A peine revenus à la chocolaterie, Charlie et le farfelu Wonka partent cette fois sous terre pour sauver la grand-mère de Charlie, transformée en Moins pour cause d'absorption abusive de Forti-Wonka, une pilule qui fait rajeunir de 20 ans.
Rocher candi, gisement chocolatifère, invisibles Gnoulis, la Terre des Moins est une contrée où il n'est pas bon de s'aventurer trop longtemps...

Quelle joie de pouvoir prolonger les aventures de Charlie grâce à ce second opus!
Même si j'ai préféré "Charlie et la chocolaterie", je dois bien admettre que le talent de conteur de Roald Dahl reste bien présent dans cette suite!
Chansons, univers merveilleux, aventures loufoques, le tout pimenté d'un clin d'oeil piquant à la présidence américaine.
A découvrir si ce n'est pas encore fait!

PS : Tim, pour l'adaptation cinématographique c'est quand tu veux hein je te l'ai déjà dit...

Hommage à Patrick Swayze



Ah cette scène finale où Bébé attend toute seule sur le podium que Johnny la fasse monter au ciel!
"Dirty Dancing" fut assurément le film de mon adolescence. Aujourd'hui, comme il y a 10 ans, la bande-originale du film tourne en boucle à la maison et me donne toujours autant envie de danser.
Je me souviens des danses improvisées dans ma chambre, des refrains chantés au micro sur ma chaîne karaoké (même pas honte), des fous-rires aussi en entendant ces répliques devenues cultes "Personne ne laisse Bébé dans son coin " ou " Johnny, arrête de courir après ton destin comme un cheval sauvage " mais aussi de cette fameuse scène des pastèques :



Hommage à l'acteur Patrick Swayze, décédé hier d'un cancer du pancréas à l'âge de 57 ans, mais surtout à ce formidable danseur!

14 septembre 2009

Attendu avec impatience : " L'élégance du maigrichon"



J'avais beaucoup aimé " Et si c'était niais? " et je meurs d'impatience à l'idée de découvrir ces 9 nouveaux pastiches :

- " L'élégance du maigrichon " de Muriel Burbery
- " Milliardium. Tome 4. Les femmes qui n'aimaient pas les hommes qui n'avaient pas d'allumettes "( roman traduit du suédois par Speedtraduk.fr)
- " La Valse jaune des tortues-crocodiles " de Katherine Plancol
-" Les Engoulevents de la Grange-aux-Loups de Christian Pignol (Prix "Fonds de terroirs" de l'Ecole des Grives)
- " Hôtel obscur des amnésies perdues "de Patrick Modiamo
- " Où seras-tu si je reviendrais sans toi?" de Guillaume Museau

Sans compter les pastiches consacrés à Philippe Delerm, Eric-Emmanuel Schmitt et Philippe Sollers!

Sortie prévue le 17 septembre.

Pour les extraits écrits c'est par ici

Charlie et la chocolaterie - Roald Dahl


Charlie Bucket et sa petite famille vivent dans une minuscule maison de bois, si petite que ses 4 grands-parents dorment et passent leurs journées dans le même lit.
Seul le père de Charlie travaille pour faire vivre la maisonnée mais son maigre salaire de visseur de capuchons à tubes de dentifrice ne suffit pas à faire vivre tout le monde décemment.
La famille est si pauvre que Charlie ne peut espérer manger de chocolat, confiserie dont il raffole par dessus tout, qu'une fois par an : le jour de son anniversaire.
Mais cette année se profile un événement particulier. Willy Wonka, le célèbre patron de la chocolaterie du même nom, organise un grand concours qui permettra à 5 enfants de visiter son usine, jusque là fermée au public.
Comment faire partie des 5 élus? En trouvant l'un des 5 tickets d'or cachés parmi les chocolats Wonka vendus dans le monde entier.
Cette nouvelle provoque instantanément l'émulation générale, au grand malheur de Charlie qui ne pense pas pouvoir gagner avec une seule barre de chocolat.
Mais la chance finit par tourner et amènera le petit garçon à faire partie de cet extraordinaire voyage qu'est la visite de l'usine Wonka!
Au programme : rivière et cascade de chocolat, croisière en bateau fait de fondant rose, visite de la salle aux inventions ou voyage en ascenseur de verre!
Charlie pensait avoir tout vu mais le loufoque Wonka lui réserve une surprise de taille, une surprise qui dépasse de loin ses rêves les plus fous...

Après Matilda, j'ai adoré retrouver les personnages de " Charlie et la chocolaterie"! Charlie Bucket et sa famille, les 4 vilains garnements, l'excentrique Willy Wonka et bien évidemment les attachants Oompas-Loompas et leurs chansons!
J'ai ri en tombant par hasard sur cette vidéo :



La version de Tim Burton présentait ces curieux bonshommes assez différemment :



Un roman jeunesse à déguster sans modération (et accompagné d'une bonne tablette de chocolat évidemment)!
Joyeux anniversaire à Roald Dahl qui aurait eu 93 ans aujourd'hui. Je poursuis cette journée dédiée à l'auteur par la Grande-Bretagne en relisant cette fois "Charlie et le grand ascenseur de verre", suite et fin des formidables aventures de Charlie Bucket!

13 septembre 2009

12 septembre 2009

Windows on the World - Frédéric Beigbeder


Deux histoires s'entremêlent dans ce roman : celle de Carthew Yorston, un agent immobilier texan venu déjeuner le 11/9/2001 au World Trade Center avec ses fils et celle de l'écrivain lui-même qui, au sommet de la Tour Montparnasse, imagine un an et demi plus tard ce qu'auraient pu être les derniers instants des victimes du restaurant situé au 107 ème étage de la tour nord.
L'histoire se déroule entre 8h30 et 10h29, chaque minute constituant un chapitre.
Et Beigbeder de souligner : " Ceci n'est pas un thriller; juste une tentative - peut-être vouée à l'échec - de décrire l'indescriptible." (p. 76)
Pourtant, à l'instar d'un thriller, la tension monte.
Des premiers coups de fil à la famille jusqu'à l'effondrement final de la tour nord, chaque personnage révèle sa part d'humanité face à un acte qui en est totalement dépourvu.
Le récit se resserre peu à peu autour du personnage de Carthew Yortson.
Tout comme son personnage Octave Parango partait en Russie pour trouver le nouveau visage d'une marque de cosmétiques nommée "L'Idéale", l'auteur voyage, sonde, enquête et attribue un visage bien que fictionnel aux attentats du 11 septembre, comme pour compenser tous ces visages occultés par les médias américains et internationaux.

Même le titre "Au secours pardon" (rédigé 4 ans plus tard) aurait pu être celui de "Windows on the World" tant le double tableau de ce roman dépeint à la fois la détresse étouffée des victimes et le repentir de l'auteur quant à son comportement d'homme (je pense notamment à ce passage zolesque intitulé "Je m'accuse"). C'est selon moi dans leur représentation de l'image du père que Carthew Yortson et l'auteur se confondent le plus.

Minute après minute, les certitudes, les utopies, les libertés, la société s'écroulent suite à ce drame qui creusera une brèche et sèmera le doute dans les esprits de millions de citoyens américains (et non-américains).
Bien que les dernières heures des victimes soient présentées sous l'angle de l'imagination de l'auteur, je n'ai pas pu m'empêcher de m'imaginer qu'elles ne devaient pas être si éloignées de la réalité. S'ajoute une riche documentation récoltée par Beigbeder qui nous apprend une quantité de choses sur l'histoire des différents pays gravitant autour du drame.

Dans un portrait consacré à l'auteur, on dit de lui qu'"il frime dans la provocation mais pas dans ce qu'il est vraiment c'est-à-dire un homme extrêmement cultivé".
Une phrase qui prend tout son sens lorsque l'on découvre ce roman. Bien sûr, il y a la "touche Beigbeder"qui donne à l'auteur son côté provocant mais " Windows on the World" ne saurait être résumé à cela tant la réflexion est juste et poussée et que l'humour noir est utilisé, tel que le glisse l'écrivain, comme "bouclier fugace contre l'atrocité".
Néanmoins, écrire sur les attentats du 11 septembre était un pari risqué parce que le 11 septembre, c'était hier. C'était hier il y a 8 ans.
A un moment donné, Beigbeder dresse une typologie de ce qu'ont pu être les différentes réactions possibles face à ce drame presque vécu en direct.
Du coup j'ai repensé à la mienne, du temps où j'avais encore la télévision, à cette transition brutale d'une série neuneu à un flash spécial montrant un vrai avion s'écrasant contre une vraie tour.
Je me souviens avoir pris le téléphone pour appeler une amie afin de savoir si elle voyait la même chose que moi, si tout cela était bien réel. Nous sommes restées au téléphone un long moment, en silence, chacune devant nos écrans à laisser défiler ce film qui se passait de tous commentaires, tant il était inimaginable.
Je sais que ce n'est certainement pas un hasard si j'ai attendu 6 ans pour lire (et apprécier) ce roman poignant, sans doute le plus grand de Beigbeder.

Extraits :

" Le luxe des skyscrapers, c'est de permettre à l'être humain de monter au-dessus de lui-même. Tout gratte-ciel est une utopie. Le vieux fantasme de l'homme a toujours été de bâtir ses propres montagnes. En élevant des tours jusqu'aux nuages, l'être humain se prouve à lui-même qu'il est plus grand que la nature." p.29


" Nous vivons une époque étrange; la guerre s'est déplacée. Le champ de bataille est médiatique : dans ce nouveau conflit, le Bien et le Mal sont difficiles à départager.
Difficile de savoir qui sont les bons et les méchants : ils changent de camp quand on change de chaîne.
La télévision rend le monde jaloux. Avant, les pauvres, les colonisés, les opprimés ne contemplaient pas la richesse tous les soirs sur un écran, dans leurs bidonvilles. Ils ignoraient que certains pays possédaient tout tandis qu'eux ramaient pour rien.
En France, la Révolution aurait eu lieu beaucoup plus tôt si les serfs avaient eu un petit écran pour regarder le luxe des Rois et des Reines.
(...) Ce phénomène est récent : on l'appelle la mondialisation mais son vrai nom est télévision.
La mondialisation est économique, audiovisuelle, cinématographique et publicitaire, mais le reste ne suit pas : ni le politique, ni le social." p.145

"Ecoute, je suis chrétien, il est musulman et t'es juif, ce qui veut dire qu'on croit tous dans le même Dieu, OK? Alors tu te calmes. On a qu'à prier dans nos trois religions, comme ça Dieu aura trois fois plus de chances de nous entendre et d'ouvrir cette goddam door!" p.183

" J'en veux beaucoup à l'inventeur du parachute de bureau de n'en avoir eu l'idée qu'après la tragédie. Ce n'est pourtant pas une création très compliquée : tu n'aurais pas pu y penser avant, pauvre connard? J'aurais aimé voir des centaines d'hommes et de femmes se jeter dans le vide avec leur sac sur le dos, et leur parachute s'ouvrir au-dessus de WTC Plaza. J'aurais aimé les voir planer dans le bleu, narguer la pesanteur et les terroristes, poser le pied sur le béton, tomber dans les bras des pompiers." p.184

" Débris de gens du monde entier. United Colors of Babel." p.188

" Le Windows of the World était une chambre à gaz de luxe. Ses clients ont été gazés, puis brulés et réduits en cendres comme à Auschwitz. Ils méritent le même devoir de mémoire." p.334


D'autres avis : Praline - Restling - Daniel Fattore

10 septembre 2009

SOBIBOR - Jean Molla



" Aujourd'hui, j'ai vomi pour la dernière fois." C'est sur cette phrase que commence et s'achève l'histoire d'Emma Lachenal, une jeune femme de 17 ans souffrant d'anorexie et de boulimie mais aussi celle de Sobibor, un camp d'extermination nazi situé en Pologne où périrent 250 000 juifs entre mai 1942 et juillet 1943.
A l'origine des troubles du comportement alimentaires réside bien souvent un manque de communication avec l'entourage, thèse confirmée dans le cas d'Emma dont les parents ne semblent pas relever les multiples appels à l'aide.
Heureusement, la jeune femme s'entend à merveille avec ses grands-parents, ce couple aimant dont elle admire la solidité et l'histoire de vie.
Mais un jour, alors qu'Emma veille sur sa grand-mère mourante, elle l'entend prononcer en rêve ces quelques mots dont elle cherchera à expliquer le sens : Eva Hirschbaum - Jacques - Sobibor.
C'est en rangeant les affaires de sa grand-mère défunte qu'Emma découvre un journal qui l'amènera à tisser les liens entre ces noms inconnus mais aussi, et surtout, à découvrir un lourd secret de famille.
Un secret en filigrane dont elle ne mesurait pas le poids mais avec lequel elle a grandi tout en cherchant à s'en délester.

Je me disais "Encore un livre sur les camps, n'a-t-on pas déjà tout dit à ce sujet?" Non pas que j'amoindrisse l'importance des atrocités commises durant le régime nazi mais j'avais l'impression que le sujet avait été traité de toutes les façons possibles et que d'une certaine manière, on en avait fait le tour.
L'auteur avait anticipé ma question ( qui est peut-être aussi la vôtre) en répondant ceci :
" Ce n'est pas qu'un livre sur les camps, précisément. C'est un livre sur l'après. Sur la mémoire. Sur le mensonge. Sur cette lame de fond qui n'en finit pas d'avancer. Sur le silence."
Ce livre montre à quel point l'histoire familiale peut constituer un poids non seulement pour les personnes qui ont vécu directement les faits mais aussi pour les générations suivantes qui en héritent malgré elles. Les psychologues parlent de "transmission générationnelle".
Dans ce roman se trouve le témoignage d'un SS employé de Sobibor dont les impressions naïves puis irréelles d'atrocité se voient contrebalancées par le jugement péremptoire d'Emma qui est aussi, je l'espère, celui de tous les lecteurs.

Un roman poignant qui à mon sens mérite autant d'attention que "Le Journal d'Anne Frank".

Extraits :

" Je ne crois pas qu'elle a fait un mouvement quand il a posé son arme sur son front et qu'il a tiré. Je ne pense pas qu'elle l'a seulement vu. Eva avait déjà pris congé de l'humanité. Cet homme par son geste avait aboli le monde des hommes." p.9

" Je n'avais pas encore compris que ne plus manger signifie très exactement souhaiter se mettre à l'écart. C'est une sorte de ghetto que l'on s'invente pour soi seul et dans lequel on s'enferme avec un mélange pervers d'aveuglement et de ravissement. C'est une forme de distinction absurde, pour se différencier à tout prix, se dessaisir du banal. On ne peut plus partager ce qu'il y a de commun. On ne peut plus communier dans la célébration des choses mortes. On a le regard qui s'est tordu. On ne voit plus les aliments avec innocence et l'on s'étonne que les autres ne nous suivent pas." p.55

" Je me suis heurtée à l'opacité des êtres. Ma vision a trouvé ses limites. Mes yeux ne pouvaient plus voir, alors mon corps inventait à leur place. Il ménageait au centre de moi un vide dans lequel loger ce que l'on avait si bien su évacuer. Sobibor." p.148

" Je sais enfin que je suis entre parenthèses. Moi, j'ai au moins cette chance. Je suis comme je suis parce que je suis en instance de vie. Une anorexique n'est pas en marge. Elle s'est faite aussi mince que le trait qui sépare la marge de l'espace où l'on écrit. Un jour ou l'autre, si tout va bien, elle revient sur la page. C'est ce que je m'efforce de faire." p.152


D'autres avis : Carnet de lectures - Passion des livres

9 septembre 2009

Momo - Michael Ende


Momo est une orpheline qui vit seule dans les ruines d'un amphithéâtre.
Bien que n'ayant aucune famille, elle est entourée d'un tas d'amis, petits et grands, auxquels elle aime consacrer du temps.
Momo est la muse de tous les enfants qui ne s'amusent jamais autant que lorsqu'elle est à leurs côtés, redoublant d'imagination à son contact.
Les adultes trouvent auprès de la petite fille une oreille (oserais-je dire un psy) à qui il suffit de confier ses soucis pour en trouver la solution, sans que Momo ait à intervenir car elle possède ce don si rare de pouvoir être réellement à l'écoute des autres et de révéler le meilleur de chacun d'entre eux.
Mais la roue tourne, les visites se font de moins en moins nombreuses, les gens s'agitent, se pressent pour gagner du temps dont ils ne profitent même pas.
Les enfants se réfugient à l'amphithéâtre car leurs parents n'ont plus le temps de s'occuper d'eux.
Momo se demande quelle peut être l'origine de ce phénomène tandis que d'étranges messieurs à costumes gris et chapeaux melons semblent envahir la ville.
La description de ces hommes m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à la "Golconde" de Magritte :



Mais qui sont-ils? Des agents de la caisse d'Epargne du Temps que Momo va devoir combattre pour pouvoir remettre les choses à leur place et sauver ses amis d'une vie bien monotone.
Et dans cette lutte, un vieil homme appelé Maître Hora et sa tortue Cassiopée se révéleront d'une aide inestimable.

Michael Ende est un nom qui ne vous dit peut-être rien. Or, il s'agit de l'auteur de "L'histoire sans fin", ce qui est loin d'être rien.
Que dire de ce roman jeunesse qui m'a tant émerveillée? J'ai craqué à la découverte de cette couverture illustrant cette petite fille mimi comme tout avec ses bouclettes et ses joues Babybel.
Et à peine entamé, je n'ai plus lâché ce roman qui se veut à la fois une magnifique histoire pour enfants avec ses codes habituels (héros orphelin, vieux sage, adultes ignorants, animal extraordinaire) mais aussi un roman pour adultes qui dresse une très juste satyre de notre société et de ses travers (apologie du travail, gain de temps, ennui, pouvoir).
Ce petit bijou est vraiment une ode magnifique à l'imagination et aux valeurs humaines!
Prenez le temps de le lire!

Je remercie beaucoup, beaucoup, beaucoup Bene et son blog Mobylivres pour m'avoir fait découvrir ce roman qui est assurément mon coup de coeur jeunesse!

Extrait (et énigme digne du père Fouras) :

" Trois frères habitent dans une maison,
Tous trois d'aspect fort dissemblable.
Mais essayes-tu de les différencier,
Voilà que tous ils se ressemblent.
Le premier n'est pas là, il arrivera bientôt.
Le deuxième n'est pas là, il est déjà sorti.
Seul le troisième, le plus petit, est là.
Car sans lui, les deux autres n'existeraient pas.
Et pourtant, si le troisième est là,
C'est que le premier s'est transformé en second;
Et si tu veux le regarder,
Tu ne verras qu'un de ses frères.
Alors dis-moi : les trois ne font-ils qu'un?
Ou ne sont-ils que deux? Ou encore aucun?
Et si tu peux, mon enfant, me dire leurs noms,
Trois puissants maîtres tu reconnaîtras.
Ensemble ils gouvernent un grand royaume.
Tous égaux, ils sont eux-même ce royaume. " p.247-248


Des idées?

D'autres avis : Mobylivres - Blablabibli - Musarder - Sous le feuillage

Potage poireaux - moutarde - fromage fondu

Ingrédients :

- 1 oignon
- 2 poireaux
- 2 cubes de bouillon de poule dégraissé
- 1 ou 2 cuillères à soupe de moutarde à l'ancienne (une seule pour moi, à doser selon la tolérance à la moutarde)
- 40g de fromage fondu nature (type Vache qui rit, Effi,...)
- un plant de ciboulette fraîche ( que je ne mets jamais, exit la pub pour Sheba)

Préparation :

- Coupez finement l'oignon et les poireaux
- Portez 1L d'eau à ébullition avec les cubes de bouillon
- Ajoutez l'oignon et les poireaux coupés et faites bouillir pendant 20min
- Intégrez la moutarde et le fromage fondu
- Mixez finement le potage
- (Décorez d'un brin de ciboulette)

Résultat :


Bon vu comme ça, ça fait un peu "potion sortie du chaudron" mais c'est le fromage fondu qui donne cet aspect mousseux (et onctueux).
Les poireaux pour les vitamines, le fromage fondu pour la consistance (et le goût aussi) et la moutarde pour relever le tout!
Pas besoin d'ajouter de sel, de poivre ou de crème fraîche, ce potage est excellent comme ça!
Si en plus vous utilisez du fromage fondu maigre, la portion ne contiendra que 80 calories!

Sur ce, bon appétit si vous passez à table, comme dirait l'autre.

7 septembre 2009

35 kg d'espoir - Anna Gavalda


Grégoire déteste l'école et le sport. A 13 ans, il a déjà redoublé deux fois.
Lui ce qu'il aime, c'est inventer et fabriquer de ses mains toutes sortes de gadgets.
Contrairement à ses parents, son grand-père Léon encourage et soutient le garçon comme il peut. Tous deux passent leur temps libre à bricoler dans le cabanon de Léon.
Mais les choses se compliquent lorsque Grégoire se fait renvoyer de l'école. Son grand-père ne le protège plus et le garçon part intégrer un pensionnat.
Loin de sa famille, Grégoire va devoir saisir cette dernière chance d'assurer son avenir.

" 35 kg d'espoir " est le seul roman jeunesse d'Anna Gavalda. Je trouve que le style direct de l'auteur se prête plutôt bien aux récits pour enfants.
J'ai beaucoup aimé le message de cette petite fable : il ne s'agit pas de détourner l'enfant de ses ambitions mais d'intégrer l'école dans leur réalisation. On échappe donc à l'écueil des parents foncièrement mauvais.
Un roman qui se lit très vite mais ne s'oublie pas pour autant.

Extrait (j'aime ce petit passage où son grand-père attire son attention sur l'orthographe) :

" Dis-toi que tu es le flic des mots. A chacun tu leur demandes leurs papiers avant de les laisser circuler :
- Vous là! Comment vous vous appelez?
- Adjectif.
- Avec qui vous roulez, mon garçon?
- Avec "chiens"
- Bon, alors, qu'est-ce qu'il vous faut?
- Un s, monsieur.
- C'est bon, circulez. " p.95


"L'échappée belle", adaptation d'une nouvelle écrite en 2001 par Anna Gavalda, sortira le 4 novembre prochain.

6 septembre 2009

Le Voyage d'hiver - Amélie Nothomb


"Le Voyage d'hiver" est le 18ème roman d'Amélie Nothomb.
Après une brève considération de la couverture, voici que je découvre l'identité du graphiste, un nom qui mérite d'être mentionné ne fut-ce qu'en regard du sentiment inspiré par la dite couverture.
Le graphiste en question s'appelle Philippe Narcisse!
Habituée de l'auto-dérision façon Nothomb, je m'empresse de vérifier l'exactitude de cette source. Il existe bel et bien!
Et la romancière d'ajouter à la page 39 : "J'appréciais par ailleurs qu'il n'y ait pas de photo de l'auteur sur la jaquette, en cette époque où l'on échappe de moins en moins à la bobine de l'écrivain en gros plan sur la couverture".
Amélie Nothomb et ses éternelles contradictions, une qualité que j'apprécie beaucoup chez l'auteur!

Bon et l'histoire dans tout ça?
Le roman s'ouvre sur l'acte que s'apprête à commettre Zoile (prononcé ZOHIL) : faire exploser un Boeing 747 sur la Tour Eiffel.
Comme le disait l'auteur dans "La Grande Librairie", le livre représente la boîte noire de l'avion, un best of des meilleurs moments destiné au monteur qui sera en charge du film dédié au drame.
Zoile dément toute comparaison de son geste avec un attentat terroriste : son crime à lui est simplement pulsionnel et ne revendique rien.
Mais pourquoi donc faire exploser un avion?
Quelques mois plus tôt, en décembre, Zoile, conseiller EDF, se rend dans un appartement parisien situé sous les toits.
L'habitation est occupée par deux femmes, l'une est une romancière jolie et intrigante, l'autre semble être une assistante pour le moins "spéciale".
Très vite, Zoile comprend que les rôles sont en fait inversés. Aliénor, atteinte d'une forme d'"autisme gentil" appelé maladie de Pneux, est l'écrivain tandis qu'Astrolabe, en plus de son rôle de nounou, est l'assistante chargée de taper les romans dictés par Aliénor.
Zoile tombe éperdument amoureux d'Astrolabe et se donne beaucoup de mal pour convaincre la jeune femme de vivre cette passion.
Astrolabe accepte à une condition : qu'Aliénor puisse être présente lors de leurs échanges.
S'enchaînent alors des rencontres dont le caractère platonique finit par développer un profond sentiment de frustration chez Zoile.
Il décide alors d'organiser un déjeuner hors du commun et composé uniquement de psilocybes guatémaltèques, mieux connus sous le nom de champignons hallucinogènes.
Malheureusement, le trip ne réussit pas à décoincer Astrolabe dont le corps demeure habité par la froideur de l'hiver.
C'en est trop pour Zoile! Interdit d'accès à cette beauté par excellence, il se met en tête de détruire à son tour un objet de contemplation : la Tour Eiffel.
Comment? Avec une bouteille de champagne. Avec qui? Avec Schubert et son "Voyage d'hiver".
Mais pourquoi la Tour Eiffel? Pourquoi le champagne? Pourquoi Schubert?
Il faudra lire le roman pour le savoir :)

Graphomane, stakhanoviste, métronome, Amélie Nothomb se veut sans cesse critiquée pour son abonnement aux rentrées littéraires.
Est-ce un mal? Est-ce là tout ce qui caractérise l'auteur?
Qui connaît rien qu'un peu l'auteur sait que la fantaisie est chez elle une marque de fabrique, qui ne se réduit pas à l'étrangeté de son alimentation, de ses chapeaux ou encore des prénoms de ses personnages.
Chaque roman est un univers peuplé de personnalités contraires et contradictoires soumises à des situations tragiques ou grotesques voire tragiquement grotesques.
Amélie Nothomb est un écrivain qu'on aime pour sa capacité à transmettre beaucoup en peu de pages ou qu'on déteste pour ce qui fait penser à de la fainéantise ou un simple manque de talent.
Mais ce qui est sûr c'est que de ses romans, on ne sort jamais complètement indemne.
"Le Voyage d'hiver" n'est certes pas le meilleur des opus nothombiens mais je l'ai préféré au "Fait du prince", sans doute en partie car l'auteur y glisse quelques réflexions sur l'écriture et la lecture.

Extraits :

" Je ne pense pas que la médiocrité m'ait eu. J'ai toujours réussi à maintenir une vigilance de ce côté-là, grâce à quelques signaux d'alarme.
Le plus efficace d'entre eux est le suivant : aussi longtemps qu'on ne se réjouit pas de la chute de quelqu'un, c'est qu'on peut encore se regarder dans la glace.
Se délecter de la médiocrité d'autrui reste le comble de la médiocrité." p.23

" Il faisait si froid dans cet appartement que j'avais l'impression que l'on pourrait y découper l'air en cubes. A l'idée d'abandonner cette fille dans cette geôle glacée, mon coeur se serra." p.43

" Tout lecteur devrait recopier les textes qu'il aime : rien de tel pour comprendre en quoi ils sont admirables." p.48

" En écrivant, elle parvient à formuler ce qu'elle ne voit pas dans le quotidien." p.49

" Il y a des femmes qu'il faut aimer malgré elles et des actes qu'il faut accomplir malgré soi." p.55

" Il n'y a pas d'échec amoureux. C'est une contradiction dans les termes. Eprouver l'amour est déjà un tel triomphe que l'on pourrait se demander pourquoi l'on veut davantage." p.56

" Tomber amoureux l'hiver n'est pas une bonne idée. Les symptômes sont plus sublimes et plus douloureux. La lumière parfaite du froid encourage la délectation morose de l'attente.
Le frisson exalte la fébrilité. Qui s'éprend à la Sainte-Luce encourt trois mois de tremblements pathologiques." p.63

" Les femmes aiment toujours à contretemps." p.126

Autres avis : Post scriptum - Erzébeth - Nicolas - A l'ombre du cerisier - Raison et sentiments - Cunéipage

4 septembre 2009

Il a jamais tué personne, mon papa - Jean-Louis Fournier


C'est à travers un langage empreint d'une fausse naïveté que Jean-Louis Fournier se replonge dans son enfance pour nous livrer des anecdotes tragi-comiques décryptant sa relation avec son père, un médecin plus porté sur la bouteille que sur l'argent ou le bien-être de sa famille.
Ce qui fait le charme de ce récit, c'est que chaque facette déplaisante de la personnalité du père se voit relativisée avec douceur par le regard enfantin emprunté par l'auteur. "Pour rendre supportable l'insupportable".
Aucune complicité père-fils mais une somme de petits moments qui dénotent une tendresse et même une admiration certaine d'un fils pour son père, en dépit du manque affectif.
J'ai trouvé cette utilisation de la voix enfantine très juste et pas du tout gnangnan. Les situations dépeintes sont généralement tristes mais tournées de façon à échapper au mélodrame.
J'ai vraiment apprécié cette utilisation de l'humour au service du pardon.

Extraits :

" Ses malades, ils étaient intimidés par les docteurs distingués, bien rasés. Il préféraient papa, avec ses vieux costumes et ses élastiques au bout de ses souliers, même quand il tenait plus debout et qu'il était obligé de se tenir au lit du malade pour pas se casser la figure.
Ses malades disaient que, quand ils voyaient papa, ils avaient plus envie de mourir." p.40

" Papa, il avait eu beaucoup d'accidents. Alors, c'était mieux, un chauffeur, ça coûtait moins cher que les accidents. Et surtout, le chauffeur, c'était papa qui payait, tandis que ses accidents, c'était maman." p.119

" On est bien dans un café, on s'occupe de vous. Quand vous avez envie de quelque chose, vous dites le nom de la chose et elle arrive devant vous, comme dans les contes de fée.
Papa, il était capable de dire vingt fois "Martini" dans la journée, et vingt fois il y avait un Martini qui arrivait.
Ce jour-là, papa s'est intéressé à moi. Il m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. Je lu ai dit que je voulais faire du théâtre. Je crois qu'il m'a dit que c'était pas un vrai métier. Il me parlait comme à un homme.
Puis, papa, il a redit "Martini" plusieurs fois et c'est devenu moins bien." p.123


D'autres avis : Pimprenelle - Le monde de la lecture

2 septembre 2009

Parfois je ris tout seul - Jean-Paul Dubois


D'après ce que j'ai pu découvrir à gauche et à droite sur Jean-Paul Dubois, j'aurais du commencer par lire "Une vie française" ou tout autre autre opus de l'auteur pour pouvoir mesurer son écriture.
Le hasard et la lecture de quelques blogs enthousiastes ont voulu que je commence mon initiation par "Parfois je ris tout seul".
Ce court ouvrage se compose d'anecdotes issues du quotidien. Parents, femme, enfants, maîtresses, sport : Jean-Paul Dubois évoque de brefs instants de vie avec pour apparente ligne directrice cette "politesse du désespoir" évoquée par Boris Vian.
On le range souvent à côté de Pierre Desproges ou de Jean-Louis Fournier, aussi m'attendais-je à rire de bon coeur.
Ce ne fut pas vraiment le cas. Non pas que l'ennui m'ait fait reposer le livre, j'ai bien souri à la lecture de quelques histoires mais globalement, j'ai trouvé le contenu plutôt lourd (ou trop léger, tout dépend de quel point de vue on se place).
Pourtant je suis du genre à penser et à dire qu'on ne rit jamais assez, de soi, des autres, de tout ce qui nous entoure.
Certaines anecdotes sont à la limite de la vulgarité mais ça n'est pas tant cet aspect qui fut la cause de mon désenchantement.
En fait je n'ai simplement pas trouvé ces histoires drôles. Une souris dont on arrache la tête avec les dents ou un chien qu'on frappe, l'épouse tout juste violée qu'on délaisse l'instant d'après pour voir le foot, le frère dont on a honte parce qu'il a perdu un bras à la guerre : rien qui n'ait suscité l'hilarité.
Des historiettes déjà lues ou entendues dans la bouche de piliers de bars après quelques chopes et qui n'ont pas réussi à rencontrer mon sens de l'humour visiblement trop sobre.

Une exception (et une idée pour un prochain message sur répondeur) :

" Loups
A chaque fois que j'appelais chez elle, je tombais sur son répondeur. Un jour, sachant qu'elle était dans son appartement, je lui ai laissé ce message : " Je suis devant un téléphone cerné par les loups. Il y en a au moins douze. Sachant que je mesure un mètre quatre-vingt-deux et qu'un loup dévore quinze centimètres d'homme à la minute, tu as exactement douze minutes pour me rappeler."
J'ai attendu une heure devant le combiné. Et puis je me suis rendu compte que j'avais oublié de lui donner mon numéro. Faut dire qu'avec tous ces loups autour, je n'avais pas toute ma tête." p.17

D'autres avis : CécileQD9 - Clarabel

Why not? ;)

Star Academy : Canal Algérie lance une version Coranique

Selon VSD, la chaîne Canal Algérie organise ce mois-ci un concours de lecture coranique. Les téléspectateurs peuvent voter pour éliminer les candidats.

En ce mois de ramadan, la chaîne Canal Algérie organise un concours de lecture coranique.

Comme pour la Star Academy , les téléspectateurs peuvent voter pour éliminer des candidats et ainsi désigner le vainqueur de l'émission.

Le grand gagnant aura le privilège de faire des appels à la prière depuis le minaret de la grande Mosquée d'Alger !

Source

1 septembre 2009

Matilda - Roald Dahl


C'est empreinte d'une joyeuse nostalgie que j'ai retrouvé Matilda et Miss Candy mais aussi les Verdebois et Agatha Legourdin!
Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas l'histoire, Matilda est une petite fille de 5 ans, très précoce pour son âge.
A un an et demi, elle parlait déjà comme la plupart des adultes. A 3 ans elle apprenait seule à lire et à 4 ans, lisait du Dickens.
Ses parents, Mr et Mme Verdebois (ancêtres des Dursley) se désintéressent totalement de leur fille et se partagent entre son frère aîné et le poste de télévision.
Profitant de l'absence de ses parents, Matilda se rend à la bibliothèque et dévore tous les livres pour enfants pour enchaîner ensuite sur 13 romans qu'elle lira en à peine 6 mois.
L'heure est venue pour la petite fille d'entrer à l'école primaire.
Son institutrice, Melle Candy, remarque très vite que Matilda est bien plus éveillée que les autres enfants de la classe et tente tant bien que mal de convaincre la directrice de l'école, Melle Legourdin, d'inscrire Matilda dans une classe supérieure.
Mais la féroce matrone, qui martyrise et se plaît à faire virevolter les enfants dans la cour de récréation, ne veut rien entendre.
Entre le mépris de ses parents et la cruauté de la directrice, Matilda développe l'art de déplacer des objets par le regard, un don extraordinaire dont elle se servira pour rendre justice.
Mais au moment où la vie de la petite fille semble avoir trouvé une certaine sérénité, son roublard de père, qui trempe dans des histoires de voitures volées, décide de quitter le pays avec femme et enfants.
Matilda refuse de partir et demande à Melle Candy de la prendre sous son aile.
L'institutrice est ravie, tout comme les parents qui saisissent l'occasion de se débarrasser enfin de leur fille.

C'est amusant comme le souvenir d'un dénouement heureux s'est vu troublé par la relecture de cette scène finale qui décrit des parents ne jetant même pas un dernier regard à leur enfant et un frère qui se contente d'un vague signe de la main.
Enfin disons que tout est finalement bien qui finit bien puisque Matilda vivra heureuse avec la seule personne qui ait jamais cru en elle.

Les romans jeunesse de Roald Dahl sont mondialement connus. Les petits comme les grands apprécient la douceur dans la plume, les histoires et les personnages fascinants sans oublier cette once de cruauté toujours traitée avec humour.
En 2005 naît en Grande-Bretagne le Roald Dahl Museum. La journée du 13 septembre est également dédiée à l'auteur.
Ca tombe parfaitement bien vu que j'avais décidé de relire très prochainement "Charlie et la Chocolaterie" et sa suite "Charlie et le grand ascenseur de verre"! D'ailleurs j'en profite pour lancer un "hint" (comme diraient les Flamingos) à Tim Burton pour l'adaptation de ce second opus!
Ma résolution est prise, à chaque 13 septembre, je relirai un roman de Roald Dahl!

D'autres avis : Sous le feuillage