31 janvier 2011

Toxique - Françoise Sagan


Publié en 1964 et réédité en 2009, "Toxique" est, comme son titre le laisse deviner, le journal tenu par Françoise Sagan lors d'une cure de désintoxication.
En 1957, l'écrivaine alors âgée de 22 ans a le vent en poupe. Ses deux premiers romans, "Bonjour Tristesse" et "Un certain sourire", connaissent un succès retentissant.
Mais un tragique événement vient noircir ce joli tableau. Victime d'un grave accident de voiture qui la force à rester alitée durant plusieurs mois, Françoise Sagan a recours au Palfium 875, un dérivé de la morphine administré par les médecins pour diminuer les douleurs.
L'accoutumance au produit est telle que l'écrivaine est transférée dans une clinique de désintoxication où elle séjournera une semaine, le temps de rédiger ce journal.

Françoise Sagan avait seulement 22 ans lorsqu'elle rédigea ce journal. Savait-elle déjà, à ce moment-là, que sa dépendance à la drogue la poursuivrait toute sa vie?
Une chose est sûre, la femme qui tient ce journal a peur. Peur d'elle-même, peur de ne pas pouvoir tenir le coup, peur de la solitude.
" Mais il me semble que, désormais, mes seuls rapports heureux avec moi-même, en dehors des autres êtres et des quelques moments d'exaltation ou de bien-être physique que la nature procure, ne pourront être que littéraires.
Ainsi donc les écrivains tomberaient dans le même piège que les comptables, les industriels et autres abrutis de travail.
Pour se retrouver plus tard en proie à quelle solitude inactive : ça donne le frisson.
Je comprends que M. et autres s'obstinent à bégayer dans les revues de tourisme.
Car enfin, quand on a plus personne à embrasser, et que la solitude équivaut à un travail que personne ne vous demande plus, la vie doit être triste."

Durant une semaine, elle déambule dans les couloirs de la clinique à l'image d'un animal en cage, regrettant sa liberté passée.
Elle sait que les nuits parisiennes, l'alcool, la drogue, les excès de vitesse lui sont aussi nécessaires que dangereux. Avait-elle besoin de se sentir au plus près de la mort, de se mettre constamment en danger pour pouvoir apprécier la vie?
Pour échapper à l'ennui comme à cette sensation prégnante d'étouffement, elle lit Apollinaire, Céline, Chateaubriand, Rimbaud, Proust, Michelet.
En proie aux insomnies comme au manque de concentration induits par le manque, elle détaille la nature, les autres patients et s'observe à travers eux.

" Je m'épie : je suis une bête qui épie une autre bête, au fond de moi."

"Toxique" n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler un ouvrage exhaustif sur les affres de la dépendance mais il apparaît surtout comme un témoignage qui permet de mieux saisir la personnalité torturée de Françoise Sagan et l'univers tumultueux dans lequel s'inscrivent à la fois sa vie et son oeuvre.
A la fois fragile, déraisonnable mais extrêmement lucide, Sagan ne tient pas en place. Si chacune de ses pensées se veut concise, s'envolant rapidement pour céder la place à une autre, les illustrations de Bernard Buffet caractérisées par un trait de crayon appuyé et des formes rudes ajoutent à la détresse de cette femme confrontée à elle-même.



Eh bien, c'est très bien. C'est ce qui m'intéresse. Je m'en vais écrire une nouvelle. L'ennui, c'est qu'à la seule idée "d'entreprise"mon coeur se contracte. Il pleut. " Ah que la vie est lente et que l'espérance est violente." Ah qu'Apollinaire est beau. Ah que je m'ennuie. S'enfuir? Peut-être.









Je viens de me surprendre allongée à demi sur ma chaise, les bras derrière la tête, la cigarette pensive, dans la position désinvolte de l'écrivain en bonne santé réfléchissant (à) (sur) ses dernières lignes.
Première position "à l'aise" sans doute depuis que je suis dans cette chambre où toutes mes attitudes sont de fuite, ou bien, sur mon lit, de refuge.





D'autres avis : Clara - Mango - Le globe lecteur - In Cold Blog

23 janvier 2011

La servante écarlate - Margaret Atwood


Publié en 1985 et traduit en français deux ans plus tard, "La servante écarlate" est le 6ème opus de la romancière, poétesse et critique canadienne Margaret Atwood à qui l'on doit notamment des titres tels que "La Femme comestible", "Le Tueur aveugle" ou encore "Le Dernier Homme".

"La servante écarlate" se présente comme le témoignage de Defred, une femme dans la fleur de l'âge qui comme beaucoup de ses semblables est détenue dans une Maisonnée située dans la république de Gilead.
A la tête de chaque Maisonnée se trouve un Commandant accompagné de son épouse. A cette époque traversée par la pollution et des taux de natalité alarmants, la mission des servantes écarlates consiste à servir leur pays en mettant leur corps à disposition du Commandant.
Les femmes ont ainsi vu la totalité de leurs droits bafoués pour être réduites à de simples instruments de procréation...

" Il se peut que rien de tout ceci n'ait à voir avec l'autorité. Il se peut qu'il ne s'agisse pas vraiment de savoir qui peut posséder qui, qui peut faire quoi à qui et s'en tirer indemne, même si il y a eu mort. Il se peut qu'il ne s'agisse pas de savoir qui a le droit de s'asseoir et qui doit être à genoux, ou debout, ou couchée, jambes écartées et ouvertes.
Peut-être s'agit-il de savoir qui peut faire quoi à qui, et être pardonné.
N'allez pas me dire que cela revient au même." p.227

C'est à travers les yeux de Defred que le lecteur découvre cet univers effrayant dominé par la religion qui en définit les lois.
Elle décrit avec précision les pendants de cette communauté repliée sur elle-même, hiérarchisée et hyper-organisée (codes-couleur, tickets de rationnement, langage codé), un microcosme où chaque individu subit la pression constante de se voir dénoncé pour la moindre infraction au règlement.
Les Yeux sont partout. Tout est mesuré, épié, soumis au contrôle. Les amateurs de "1984" ou d'"Equilibrium" y verront cette même terreur vis-à-vis d'un pouvoir soucieux de contribuer au "bien-être collectif".
Humiliées, endoctrinées, déshumanisées et réduites à leur plus simple appareil...reproducteur, chacune de ces femmes aspire à tomber enceinte du Commandant, une situation qui leur permettrait d'échapper au statut d'"anti-femmes" et aux Colonies.

" J'avais coutume de penser à mon corps comme à un instrument de plaisir, ou un moyen de transport, ou un outil pour accomplir mes volontés.
Je pouvais m'en servir pour courir, appuyer sur des boutons, de diverses natures, pour faire advenir des choses. Il y avait des limites, mais pourtant mon corps était léger, unique, solide, ne faisait qu'un avec moi.
Maintenant la chair se dispose différemment. Je suis un nuage, congelé autour d'un objet central, en forme de poire, qui est dur et plus réel que je ne le suis, et qui luit, rouge, à l'intérieur de son enveloppe transparente. Dans cet objet il y a un espace, énorme comme le ciel la nuit, obscur et incurvé comme lui, mais d'un rouge noir plutôt que noir.
Des têtes d'épingle de lumière y gonflent, étincellent puis se recroquevillent, innombrables comme des étoiles.
Chaque mois il y a une lune, gigantesque, ronde, lourde, un présage. Elle passe, s'arrête, reprend sa course et disparaît et je vois le désespoir fondre sur moi comme une famine.
Sentir ce vide, encore, et encore. J'écoute mon coeur, vague après vague, salée et rouge, qui continue, sans relâche, à scander le temps." p.127

La pression qu'engendre ce contrôle du corps féminin est telle qu'elle suscite bien des convoitises chez les unes et les autres. Dans cette course au bébé, la jalousie s'empare des servantes comme des épouses, incapables de donner elles-mêmes un enfant à leur mari.
Defred raconte les processions, les secrets, les rencontres clandestines, les interdits, les châtiments, les jours de naissance, les tâches destinées à "accomplir leur destin biologique", le quotidien de ces femmes privées de connaissance, d'amour et de désir.
Elle revient également sur son passé qui incluait une amie, un mari et une fille dont elle n'a plus de nouvelles, autant de souvenirs qui lui permettent de garder la tête hors de l'eau, en s'accrochant à de petites choses pour tenir bon.

Etant donné que le récit est livré par Defred, les éléments nous parviennent tels qu'ils (ré)apparaissent dans ses souvenirs.
Le lecteur entre au coeur de Gilead grâce aux seuls yeux de Defred, ce qui permet à l'auteure de centrer son récit sur ce qui se passe à l'intérieur et dans les coulisses de la Maisonnée occupée par les femmes.
Une guerre est en marche mais les informations sont volontairement filtrées, ce qui induit inévitablement un manque de contextualisation (pas dérangeant selon moi car les tenants et aboutissants de ce régime totalitaire figurent dans l'épilogue).

Je n'irai pas quatre chemins, j'ai tout simplement ADORE ce roman de bout en bout ! J'ai été à la fois révoltée et captivée par le destin de Defred et de ces nombreuses femmes reléguées à de simples matrices.
L'auteure sème des détails au fur-et-à-mesure dans un style imagé, visuel. Les descriptions sont souvent troublantes car plausibles. Il faut dire que l'auteure conjugue habilement les traces indélébiles laissées par l'Histoire aux problèmes actuels pour faire naître la crainte de voir pareille situation jaillir sous une autre forme.

" Parfois je ne peux penser à moi-même, à mon corps, sans voir mon squelette : ce que je suis, vue par un électron. Un berceau de vie, fait d'os; et à l'intérieur dangers, protéines déformées, cristaux ratés, ébréchés comme du verre.
Les femmes prenaient des médicaments, des pilules, les hommes aspergeaient les arbres, les vaches mangeaient l'herbe, toute cette pisse épicée a coulé dans les rivières. Sans parler des explosions d'usines atomiques, le long de la faille de San Andreas, sans défaillance humaine, au moment des tremblements de terre, et la souche mutante de syphilis, qu'aucune moisissure ne pouvait arrêter.
Certaines l'ont fait elles-mêmes, se sont fait coudre hermétiquement au catgut, ou ravager avec des produits chimiques. Comment ont-elles pu disait Tante Lydia, oh, comment ont-elles pu faire une chose pareille? Jézabels ! Mépriser les dons de Dieu !" p.189

Dans cet univers où tout n'est qu'interdit, toute sensation évoquée semble prendre une autre dimension, d'autant plus exacerbée que son objet est souvent rare et dangereux.
La narratrice s'attache à mettre des mots sur tout ce qu'elle voit et vit et l'on sent à travers ses paroles toute la retenue dont elle doit faire preuve pour réprimer ses émotions et ses envies.
Nul besoin pour Defred d'en rajouter une couche. Si le ton se veut plutôt neutre, prudent, les faits parlent pour elle et les descriptions trahissent une solitude à laquelle on ne peut que compatir.

Un gros gros gros coup de coeur que je recommande non seulement à toutes les femmes mais également à chaque lecteur qui s'intéresse à la progression insidieuse et à l'évolution d'un régime totalitaire qui s'organise autour d'un bouc-émissaire et d'un pouvoir peu scrupuleux.
A lire absolument !!!

D'autres avis chez Mango et Cécile QD9 ainsi que chez BOB !

"La servante écarlate" fait partie de la sélection étrangère du Prix QD9 lancé par Cécile.

18 janvier 2011

Psychopolis et autres nouvelles - Ian McEwan


"Psychopolis et autres nouvelles" est un ensemble de 3 nouvelles tirées du premier recueil de l'écrivain britannique Ian McEwan, "Premier amour, derniers rites" réédité sous le titre " Sous les draps et autres nouvelles" publié en 1975.


"Masques" évoque la relation qu'entretiennent Henry, petit garçon de 10 ans, et sa tante Mina, ancienne comédienne de théâtre qui à la mort de sa soeur se voit confier l'éducation de son neveu.
Elevé par cette femme fantasque voire même complètement frappadingue, Henry apprécie néanmoins ses talents de conteuse et d'actrice et se plie à toutes ses extravagances, acceptant tous les soirs à son retour de l'école le rituel de revêtir le costume qu'elle lui a préparé pour passer la soirée.
Mais lorsque Mina lui demande de se déguiser en fille, Henry refuse de jouer le jeu...

"Pornographie" est l'histoire d'O'Byrne, un homme sûr de lui qui tient une librairie pornographique avec son frère et entretient une liaison avec deux femmes qui ne se connaissent pas mais travaillent comme infirmières dans le même hôpital.
O'Byrne sera victime de sa supercherie et apprendra à ses dépens que ce genre de trahison peut lui coûter très cher...

"Psychopolis" évoque les destins de plusieurs personnages, 3 hommes et une femme, qui se retrouveront réunis dans une même soirée au dénouement pour le moins étrange.

Ayant beaucoup entendu parler de Ian McEwan ces derniers mois sur la blogosphère, je me suis laissée tenter par ce recueil pour faire connaissance avec l'auteur.
Après lecture, je peux à présent dire que cette idée ne fut pas ma meilleure.

L'auteur nous emmène dans un univers au sein duquel les pulsions (souvent d'ordre scatologique mais pas seulement...) et les rapports de force dominant-dominé régissent le comportement de ses personnages. De la tante qui manifeste un goût malsain pour les déguisements jusqu'à l'imposer à son neveu à l'homme qui sur le point de subir la vengeance de ses deux maîtresses arrive encore à bander. Tous les personnages présentent une tendance "naturelle" (au sens où ils ne remettent jamais en question leurs agissements) à la perversion et à la transgression des interdits.
Il en résulte une ambiance malsaine, glauque parfaitement rendue par l'écriture provocante de l'auteur.
Malheureusement, j'ai trouvé ces personnages un peu trop "zombies". Ceux-ci semblent avancer tête baissée, courir à leur perte sans se poser la moindre question et sans qu'une quelconque moralité ne se dresse sur leur chemin.
Un malaise s'est emparé de moi durant ma lecture mais il sera vite oublié...

" Mary travaillait dans une librairie féministe de Venice dont elle détenait aussi des parts. C'est là que j'ai fait sa connaissance, à l'heure du déjeuner, le lendemain de mon arrivée à Los Angeles.
Le soir même nous étions amants et, assez peu de temps après, amis. Le vendredi suivant, je l'ai maintenue enchaînée par un pied à mon lit pendant tout le weekend.
C'était, m'avait-elle expliqué, une chose qu'elle "devait faire pour s'en libérer". Je la revois (plus tard, dans un bar plein de monde) m'arrachant la promesse solennelle de ne pas l'écouter si elle réclamait d'être détachée.
Soucieux d'être agréable à ma nouvelle amie, j'ai acheté une jolie chaîne et un petit cadenas. Avec des vis de laiton, j'ai fixé un anneau dans le bois de mon lit, et l'affaire a été réglée.
Quelques heures plus tard, elle voulait à tout prix sa liberté et, malgré un certain embarras, je me suis levé, j'ai pris une douche, je me suis habillé, j'ai enfilé mes pantoufles, et je lui ai apporté une grande poêle pour uriner." p.93

16 janvier 2011

Premier amour - Joyce Carol Oates


Publié en 1996 et traduit en français en 1998, "Premier amour" est un court roman de Joyce Carol Oates, auteure américaine prolifique (à qui l'on doit notamment "Blonde" et "Délicieuses pourritures") également connue sous les pseudonymes de Rosamond Smith et Lauren Kelly.

Pour une raison qui lui est inconnue, la petite Josie quitte sa ville natale avec sa mère pour s'installer chez sa grand-tante Esther qui occupe la Maison du Révérend à Ramsonville.
L'atmosphère n'est pas des plus réjouissantes chez les Burkhardt. Le cousin de Josie, Jared Jr, jeune séminariste, est de passage pour l'été et fait l'objet de toutes les attentions de la part de sa grand-mère.
A peine tolérées dans la maison, Josie et sa mère sont priées de se tenir à l'écart du jeune homme. Mais un jour, alors que sa mère se fait de plus en plus absente, Josie croise cet étrange cousin au bord de la rivière...

A peine arrivée dans son nouveau lieu de vie, Josie fait la rencontre effrayante d'un serpent noir, épisode assez évocateur pour la suite de l'histoire.
Josie pose des questions à sa mère sur l'histoire de la famille mais les réponses se veulent toujours évasives.
Livrée à elle-même, la petite fille souffre d'une solitude alimentée par le silence qui règne dans la demeure ainsi que par l'absence et les non-dits de sa mère. Cette solitude se voit rompue par sa rencontre avec son cousin Jared Jr, un jeune homme de 14 ans son aîné qui tire profit de sa naïveté et de la fascination qu'il exerce sur sa petite cousine tout en lui faisant croire qu'elle est consentante.
Terrifiée à l'idée qu'il lui fasse de mal, Josie se résout à rester sage et à garder le secret qui l'unit à Jared Jr.

C'est la seconde fois que je lisais l'auteure et que je me retrouvais à éprouver une sensation de malaise frisant le dégoût.
Et pourtant quelque chose me poussait bien à tourner les pages, allant jusqu'à me faire douter de ma propre santé mentale...
Nul doute qu'à l'image de "Délicieuses pourritures", "Premier amour" évoque le même thème sombre de la rencontre entre le bien et le mal, de l'enfance pervertie et comme hypnotisée par l'ascendance malsaine de l'adulte.
Si le récit nous est livré par Josie, il arrive que celle-ci semble se parler à elle-même par l'intermédiaire du tu - évoquant ces moments de peur qui auraient du lui faire tourner les talons - ou que les propos de Jared se rappellent à son souvenir.

"Si tu pénétrais dans le marais, tu livrais ton corps. Tu n'étais plus toi-même, tu avais pour nom toi, elle, petite. Tu étais entourée d'imperceptibles bruits de succion. De grognements de crapauds. Pareils à des grognements d'homme - tu avais entendu des hommes grogner et ahaner, ahaner et grogner, il y a longtemps de cela, alors que tu n'étais pas censée écouter. Tu savais ce que c'était, déjà en ce temps-là : la pulpe animale cherchant à s'extraire de force de son carcan. Suintant, bouillonnant, jaillissant enfin.

C'est bien. Mais maintenant, il faut te laver. Jared rinçait rapidement tes doigts poisseux dans la rivière, Jared aspergeait d'eau ton visage moite de sueur. Tu avais envie de dire Je t'aime, Jared, mais il t'attrapait par la nuque et te plongeait le visage dans l'eau qui te laissait dans la bouche un goût de métal amer.

Jusqu'à ce que tu suffoques en battant l'air de tes bras pitoyables, comme une oie en pleine noyade, et qu'il te prenne en pitié. Oh, pour l'amour du ciel ! Personne ne va te tuer, pourquoi veux-tu que quiconque prenne cette peine? " p.57

Le recours aux adjectifs et aux symboles fortement connotés rend compte d'une atmosphère malsaine renforcée par les agissements de Jared Jr.
La religion tient une grande place dans le récit. Seule figure d'autorité masculine parmi les femmes, le professeur pervers de "Délicieuses pourritures" a cédé la place à l'homme de dieu, un jeune séminariste immoral et sans scrupules qui prend un malin plaisir à juger les autres et à infliger les pires châtiments, toujours prompt à évoquer l'expiation par des moyens pas très catholiques si je puis dire.
Si le résumé évoque un livre érotique, je parlerais plutôt de pédophilie tant il apparaît que ce "premier amour"(un énième titre ambigu dont l'auteure a le secret) est loin d'être idyllique...

J'ignore si le fait d'avoir aimé cette histoire fait du coup de moi quelqu'un de peu fréquentable mais il est certain que Joyce Carol Oates possède une finesse psychologique appuyée par un style percutant qui lui permettent d'installer une ambiance qui fait froid dans le dos, allant jusqu'à poursuivre le lecteur jusqu'à la dernière ligne.
Voilà pourquoi je suis bien résolue à poursuivre ma découverte de cette auteure :)

14 janvier 2011

On dirait vraiment le paradis - John Cheever


"On dirait vraiment le paradis" fut le dernier roman, paru en 1982 et traduit en français en 2009, du romancier et nouvelliste américain John Cheever.

Un jour, un vieil homme du nom de Lemuel Sears retourne dans le village de Janice pour patiner sur l'étang de Beasley. C'est alors qu'il se rend compte que celui-ci sert à présent de décharge tenue par une puissante organisation criminelle. Alors qu'il lance une procédure en justice pour mettre fin à cette source de pollution, il tombe éperdument amoureux de Renée, un agent immobilier qui a la curieuse habitude de fréquenter les églises pour des raisons obscures et qui s'amuse à faire tourner le vieil homme en bourrique sous prétexte qu'il ne connaît rien aux femmes.
Pendant ce temps, deux couples, les Salazzo et les Logan, se lancent dans une querelle de voisinage.

L'étang de Beasley représente pour Sears un petit coin de paradis qu'il est tout prêt à défendre. Si le récit s'ouvre sur la découverte du vieil homme, l'auteur s'écarte volontiers du sujet pour s'arrêter sur la relation compliquée qu'entretiennent Sears et Renée et bifurquer ensuite sur des disputes entre deux mères de famille, d'abord pour une histoire de chien mort, ensuite pour un carillon et enfin au sujet d'une queue de poisson lors d'un passage à la caisse 10 articles.
Si l'auteur s'amuse à balader son lecteur d'un portrait à l'autre, ce n'est évidemment pas par hasard car chacun des protagonistes se veut impliqué d'une manière ou d'une autre dans l'affaire qui occupe Sears.

Ce billet sera court car autant le dire tout de go, je ne suis absolument pas parvenue à entrer dans ce roman. Si il existe au final des liens entre les différents personnages, l'impression de passer du coq à l'âne ne m'a toutefois pas quittée, j'ai trouvé les personnages inconsistants et peu crédibles, les digressions trop nombreuses (la partie de pêche entre Sears et le garçon d'ascenseur homo, gné?) et l'histoire en elle-même m'a fait mourir d'ennui. La seule chose qui m'ait un tant soit peu intéressée est le point de vue (minime quand même) de l'auteur, exprimé à travers le personnage de Sears, quant à l'importance de l'écologie et de la préservation de la nature.

" Pourquoi célébrer une décharge, pourquoi s'efforcer de décrire une telle aberration? Gisaient là les rebuts d'une société encline au nomadisme, mais qui avait renoncé à son goût pour les objets que l'on porte. La plupart des gens qui errent de par le monde développent une culture de tentes et de selles, mais il s'agissait là de nomades doués d'une passion pour les châlits gigantesques et les énormes réfrigérateurs.
Il y avait un conflit entre la mobilité - l'errance- et l'amour de la permanence qui avait abouti au chaos dans l'étang de Beasley." p.20


MERCI à et à de m'avoir offert ce livre !

12 janvier 2011

Fragments - Marilyn Monroe


"Fragments", publié en octobre 2010, est une compilation de poèmes, de lettres et de textes intimes rédigés par l'actrice américaine Marilyn Monroe entre 1943 et 1962.

J'ai reçu cet ouvrage en version collector pour Noël et ce à ma demande expresse car j'avais hâte de découvrir une autre facette de cette femme majoritairement cantonnée à son statut de d'actrice-potiche blonde et donc forcément décérébrée selon certains.
J'attendais beaucoup de ce livre et je dois dire que j'ai été un brin déçue par ce que j'y ai trouvé.
Certes, il s'agit d'un beau livre. La version collector offre une jolie reliure rouge ainsi que de superbes photos imprimées sur papier glacé.
La mise en page aérienne permet une lecture fluide et chacun appréciera le souci de l'éditeur de proposer chacun de ces fragments en version bilingue tout en précisant que les traductions ont parfois du faire l'objet d'interprétations clairement indiquées en rouge dans le texte et laissées à la libre appréciation du lecteur.

Bon, cela étant dit, que trouve-t-on au juste dans cet ouvrage?
Là encore, l'éditeur précise qu'il a tenté d'inscrire au mieux les écrits de Marilyn dans le temps en les classant par ordre chronologique.
Le livre s'ouvre sur un texte rédigé à l'âge de 17 ans et évoquant son mariage avec James Dougherty qui lui permit d'échapper à l'orphelinat.
Ce texte contient déjà toutes les prémisses d'une femme que l'on sent déçue par l'amour, un être timide, fragile et profondément insécurisé qui tente de s'accrocher à la vie en essayant d'en saisir le sens et d'y définir son rôle.

Que ce soit dans ses poèmes ou dans ses notes, Marilyn Monroe évoque énormément ses peurs : la crainte de décevoir pour un rôle, de ne pas être intellectuellement à la hauteur de son mari Arthur Miller, de vieillir ou encore de se retrouver dans un asile psychiatrique comme ce fut le cas de sa mère et de sa grand-mère.

" L'enfance de chacun se rejoue tout le temps. Pas étonnant que personne ne connaisse l'autre ni ne puisse le comprendre entièrement. Je ne sais pas si j'en arrive avec cette conclusion à tout laisser tomber - ou si pour la première fois peut-être je suis connectée avec la réalité -
comment est-ce qu'on sait la souffrance des jeunes années de l'autre sans parler de tout ce qu'il traîne avec lui puisque au mieux une large marge de manoeuvre est nécessaire pour l'autre et pourtant combien c'est malsain de le supporter.
Je pense que le mieux est d'aimer bravement et d'accepter - autant qu'on peut le supporter." p.155

Par l'entremise de notes rédigées sur différents supports ( calendrier, papier à entête d'hôtel, carnets à peine entamés, feuillets, page de répertoire) visant à l'automotivation, la jeune femme tentait de canaliser ses peurs. Il n'est d'ailleurs pas rare que celle-ci parle de concentration et de discipline concernant son comportement sur les plateaux comme dans sa vie intime.
Si l'écriture présente un aspect majoritairement chaotique, le lecteur découvre néanmoins une femme d'une extrême lucidité, capable d'une intelligence émotionnelle qui la pousse la plupart du temps à basculer dans un profond désarroi, victime de sa sensibilité à fleur de peau.

" Après un an d'analyse. A l'aide à l'aide. A l'aide. Je sens la vie qui se rapproche alors que tout ce que je veux c'est mourir. Cri - Tu as commencé et fini en l'air mais où était le milieu?" p.163

J'ai été particulièrement touchée par une lettre rédigée lors de son internement un an avant sa mort et dans laquelle elle évoque la déshumanisation dont sont victimes les patients.

Nous sommes à des années lumière de l'icône qui apparaissait pourtant si sûre d'elle à l'écran !
Cette femme-ci apparaît dépressive, perfectionniste, toujours en retard, pétrie de trac et complexée intellectuellement de sorte que la plupart de ses écrits, loin d'évoquer son rapport au corps, sont avant tout des notes rédigées pour elle-même, des pense-bête visant à s'améliorer sans cesse.

J'en viens à l'objet de ma déception. Le livre est traversé par de nombreuses photos montrant Marilyn en train d'écrire ou en pleine conversation avec de grands écrivains.
Aussi m'attendais-je à trouver dans cet ouvrage des notes de lecture, des réflexions sur ses nombreuses rencontres avec des gens de lettres. Or la jeune femme prenait surtout la plume pour y évoquer ses états d'âme lorsque son moral était en baisse et comme elle le disait elle-même, elle ne lisait plus en période de crise et tentait de trouver avant tout les réponses en elle.
J'ai donc été déçue par cette fausse impression revendicative, cette volonté de réhabilitation intellectuelle que dégageaient les nombreuses photos présentes dans l'ouvrage et qui, à défaut d'illustrer les propos de Marilyn Monroe, ne font que "combler les trous".
Néanmoins, j'ai vraiment apprécié découvrir les petits bouts de vie de cette femme complexe même s'il m'a parfois semblé manquer de quelques clés pour pouvoir tous les comprendre.
Mais, selon les dires de Marilyn Monroe :

" Seuls quelques fragments de nous toucheront un jour des fragments d'autrui. La vérité de quelqu'un n'est en réalité que ça, la vérité de quelqu'un. On peut seulement partager le fragment acceptable pour le savoir de l'autre. Ainsi on est presque toujours seuls.
Comme c'est aussi le cas de toute évidence dans la nature - au mieux peut-être notre entendement pourrait-il découvrir la solitude d'un autre." p.45

Un autre avis : Niki

10 janvier 2011

Le livre de ma mère - Albert Cohen


Publié en 1954, "Le livre de ma mère" est un roman d'Albert Cohen, écrivain suisse particulièrement connu pour son oeuvre majeure "Belle du Seigneur".

Dans ce livre qui aurait pu s'intituler "Le livre sur ma mère", l'auteur évoque la première femme de sa vie, la seule et l'unique, cette mère douce et sacrificielle qui toute sa vie durant se dévoua au bonheur de sa famille, quitte à mettre sa vie de femme complètement de côté.
A partir de détails intimes retraçant leur parcours depuis leur arrivée à Marseille, l'auteur revient sur le pendant de cette relation fusionnelle mère-fils : l'isolement et l'absence de vie sociale du fait de leurs origines orientales ont contribué à leur repli l'un sur l'autre.

" Il y avait aussi les pâtisseries où elle écoutait un peu la conversation des dames bien, tout en mangeant un gâteau, consolation des isolés. Elle participait comme elle pouvait, se contentait humblement de ces pauvres divertissements, toujours spectatrice, jamais actrice.
Sa vie, c'était encore d'aller toute seule au cinéma. Ces personnages sur l'écran, elle était admise en leur compagnie. Elle pleurait aux malheurs de ces belles dames chrétiennes.
Elle a été une isolée toute sa vie, une timide enfant dont la tête trop grosse était collée avidement à la vitre de la pâtisserie du social. Je ne sais pas pourquoi je raconte la vie triste de ma mère. C'est peut-être pour la venger." p.59

Tous deux passaient beaucoup de temps ensemble entre le théâtre et les promenades en été et lorsqu'il s'en alla étudier à l'université de Genève, sa mère prit l'habitude de lui rendre visite quelques semaines par an.
Chaque séjour était une fête et l'occasion pour une mère de veiller sur son fils. Guettant chacun de ses retours, elle ne pouvait trouver le sommeil avant de le savoir bien rentré.
Admirative, naïve, nigaude, gourmande, toujours en quête de l'approbation de ce fils surprotégé, cette femme à la fois si présente pour son fils et si peu pour elle-même ne peut qu'attendrir.

Difficile de ne pas céder aux larmes à la lecture d'un tel hommage. L'auteur multiplie les anecdotes, de joyeux petits moments de vie qui laissent entrevoir toute la complicité d'une mère et d'un fils mais qui se heurtent rapidement à la triste réalité : cette femme-là n'est plus et emporte avec elle l'enfance de son fils.

" Pleurer sa mère, c'est pleurer son enfance. L'homme veut son enfance, veut la ravoir, et s'il aime davantage sa mère à mesure qu'il avance en âge, c'est parce que sa mère, c'est son enfance. J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas." p.33

"
Oui, allons dormir, le sommeil a les avantages de la mort sans son petit inconvénient. Allons nous installer dans l'agréable cercueil. Comme j'aimerais pouvoir ôter, tel l'édenté son dentier qu'il met dans un verre d'eau près de son lit, ôter mon cerveau de sa boîte, ôter mon coeur trop battant, ce pauvre bougre qui fait trop bien son devoir, ôter mon cerveau et mon coeur et les baigner, ces deux pauvres milliardaires, dans des solutions rafraîchissantes tandis que je dormirais comme un petit enfant que je ne serai jamais plus. Qu'il y a peu d'humains et que soudain le monde est désert." p.99

L'auteur exprime ses regrets et tente de se pardonner à lui-même de ne pas avoir toujours su rendre à cette femme l'amour qu'elle lui prodiguait, lui préférant souvent la compagnie de maîtresses ou la laissant à l'écart du milieu mondain qu'il fréquentait, par crainte que cette femme si simple ne lui fasse honte.
Vous l'aurez compris, "Le livre de ma mère" est à la fois une déclaration d'amour d'un fils à sa mère mais également la confession d'un homme devenu brusquement orphelin.
Le lecteur bascule facilement d'une émotion à une autre car le ton amusé de l'anecdote finit toujours par céder la place aux accents tragiques, lorsque l'auteur se rend compte que ses souvenirs appartiennent désormais au passé.

" La douleur, ça ne s'exprime pas toujours avec des mots nobles. Ca peut sortir par de petites plaisanteries tristes, petites vieilles grimaçant aux fenêtres mortes de mes yeux." p.136

" Avoir de la douleur, c'est vivre, c'est en être, c'est y être encore." p.141

"Le livre de ma mère" est une histoire mêlée de complicité et de rendez-vous manqués racontée par un homme brisé que la nostalgie empêche de continuer à vivre, une pure merveille que je ne peux que vous conseiller !

" Le terrible des morts, c'est leurs gestes de vie dans notre mémoire. Car alors, ils vivent atrocement et nous n'y comprenons plus rien." p.85

"
Les souvenirs, cette terrible vie qui n'est pas de la vie et qui fait mal." p.164

"Le livre de ma mère" était ma 6ème lecture dans le cadre du Challenge Coups de coeur organisé par Theoma. Ce fut le coup de coeur choisi par Calypso, autant dire que je le partage complètement !

Un autre avis : Theoma

5 janvier 2011

Kit de survie dans un monde de cons


"Kit de survie dans un monde de cons" se compose de deux ouvrages, "Vivre avec des cons" de Tonvoisin Depalier et "Travailler avec des cons" de Tonvoisin Debureau, ainsi que d'une poupée vaudou censée nous prémunir d'un con potentiel.

L'ensemble forme un état des lieux permettant à l'auteur de décrypter les différentes situations du quotidien qui peuvent nous mettre en présence de cons.
"Vivre avec des cons" évoque les voisins de palier, les usagers de la route, la famille, les amis, les enfants, les fonctionnaires (ah les employés de la Poste !) là où "Travailler avec des cons" s'intéresse plus particulièrement aux cons qui investissent notre lieu de travail.
Remarquez que les premières lignes de ce billet évoquent les cons comme si vous et moi n'en faisions pas partie. C'est bien là l'effet ressenti dès le début de la lecture.
L'auteur s'adresse au lecteur comme si, tout comme lui, celui-ci faisait partie de cette petite élite supérieure à la moyenne et de plus en plus rare : les "non-cons".
Dès le départ, il apparaît donc que l'auteur, tout en adoptant un ton des plus con-descendants, cherche à créer une certaine con-nivence avec le lecteur, à flatter son intelligence pour le rendre sympathique.
Et ça marche ! Le lecteur progresse dans l'ouvrage avec cette idée de contempler le monde d'un oeil extérieur et de valoir mieux que la plupart des gens, des "parasites" rencontrés au quotidien.
Arrivé au bout de cet inventaire de la connerie humaine, on ressent la curieuse impression de s'en être pris à la Terre entière et là on se demande : "Ne me suis-je pas moi-même retrouvé dans l'une ou l'autre situation décrite, pensant sincèrement être dans mon bon droit?"
Il est toujours facile de pointer du doigt les conneries des autres mais il est moins aisé de reconnaître ses propres erreurs. Encore faut-il d'ailleurs s'en apercevoir...

"Kit de survie dans un monde de cons" se présente dès lors comme une critique de la connerie dont sont capables bon nombre de gens mais à travers cette dénonciation, ce double essai invite également le lecteur à remettre en question ses propres agissements.
Dans un premier temps alors que je commençais par "Vivre avec des cons", j'ai trouvé l'humour de l'auteur intelligent (amateur de jeux de mots, cet essai est pour vous !) et de ce fait particulièrement délectable.
Arrivée au second ouvrage, mon enthousiasme est un peu retombé car j'ai constaté que "Travailler avec des cons" présentait globalement les mêmes ficelles.
Je conseillerais donc de lire ces deux essais séparément voire de se limiter à l'un des deux, d'autant que la poupée vaudou fournie dans le kit n'ajoute rien si ce n'est un gadget purement commercial.

" Ce que vous pressentiez jusqu'à présent sans l'avoir forcément formulé, c'est que la voiture et les véhicules bruyants de façon plus générale sont des outils révélateurs de la connerie humaine en action. Chaque con, par exemple, pense sincèrement que lui bosse tandis que les autres (vous compris), s'emmerdant chez eux le matin, ont décidé (on se demande bien pourquoi) d'aller jouer à la belote dans leur voiture.
Ce phénomène est typique du con de livreur qui, convoyant allègrement sa connerie vigoureuse et ses paquets, provoque des blocages (exprès devant vous) à lui tout seul sous le fallacieux prétexte du très fameux "Je bosse, moi, monsieur!" "Je bosse, moi, madame!"
Vous renvoyant avec ces termes condescendants à votre réalité d'empêcheur de livrer peinard et de misérable joueur de belote en voiture..." p.29

" Le vrai con est pour ainsi dire une sorte de moine contemplatif marié. Anachorète atypique, il tient sans complexes sa place au côté de Saint-Paul de Thèbes (vers 229-342) et de Saint-Antoine (vers 251-356), et représente lui aussi, à sa façon, un idéal de renoncement...en renonçant à toutes les tâches ménagères, laissant aux autres la pauvreté, l'isolement et l'ascétisme, après tout, chacun son job.
Très croyant en la sainte glandouille, il fait chaque jour de nombreuses ablutions, rite religieux occulte (eau culte) incompréhensible pour une personne sensée et qui transforme une salle de bains en une espèce de pataugeoire innommable qui n'est pas sans rappeler les grandes eaux musicales de Versailles...sans la musique, hormis vos hurlements effrénés quand vous vous pétez lamentablement la gueule sur le carrelage trempé." p.54


Un grand MERCI à et aux éditions de m'avoir offert ce livre !

Le site de l'auteur

D'autres avis : Calypso - Tiphanie