30 mars 2013

Coup de gigot et autres histoires à faire peur - Roald Dahl


"Coup de gigot et autres histoires à faire peur" est composé de 4 nouvelles publiées entre 1954 et 1960 et rédigées par l'écrivain britannique Roald Dahl, notamment auteur de "Charlie et la chocolaterie", "Charlie et le grand ascenseur de verre", "Matilda" ou encore de "Sacrées Sorcières".
Ces 4 nouvelles se retrouvent également dans le recueil "Kiss Kiss".

Dans "Coup de gigot", Mary Maloney attend patiemment le retour de son époux à la maison. A son arrivée, elle lui prépare un verre de whisky comme à son habitude. Mais cette fois, son mari l'avale d'une traite, s'en sert immédiatement un second avant de lui annoncer qu'il la quitte.
Sous le choc, Mary lui assène un coup violent à l'aide du gigot d'agneau congelé qui devait servir au repas.
Reste à savoir maintenant comment se débarrasser de l'arme du crime...
"Tous les chemins mènent au ciel" et c'est le moins que l'on puisse dire...Mme Foster vit depuis des années avec la peur d'arriver en retard et de manquer son avion.
Lorsqu'elle décide de rendre visite à sa fille à Paris, son mari n'y met pas vraiment du sien pour respecter le timing. Contre toute attente, Mme Foster est bien décidée à ne pas louper son vol et plante son mari à la maison.
Le jeune Billy Weaver débarque à Bath par le train et se laisse tenter par une charmante pension proposant des chambres à prix modique. "La logeuse" se montre d'une extrême amabilité et lui annonce qu'ils sont les deux seuls occupants de la maisonnée.
Au moment de signer le livre d'or, le jeune homme y découvre deux autres noms qui lui semblent étrangement familiers...
C'est à une bien curieuse expérience que vont se livrer "William et Mary" ! A la mort de son mari, Mary hérite de tous ses biens ainsi que d'une longue lettre posthume.
William lui décrit sa rencontre avec le neurochirurgien John Landy et lui détaille sa curieuse proposition : maintenir le cerveau de l'homme en vie après sa mort...

Si Roald Dahl est surtout célèbre pour ses histoires pour enfants, il compte également dans sa bibliographie une série de nouvelles plus destinées aux adultes.
Si cet ouvrage-ci figure dans la collection Folio Junior, je vous conseillerais néanmoins de ne pas l'offrir à un enfant de moins de 12 ans.
Il est tout de même question-ci de revanche féminine et de meurtre ! J'ai beaucoup aimé l'humour noir de l'auteur et sa facilité à passer en quelques mots d'un cadre bon enfant à une ambiance macabre.
Les personnages principaux féminins présents dans chacune de ses nouvelles semblent tous si inoffensifs au départ. Mais dès l'instant où la contrariété cède la place à la soif de vengeance, le ton se fait plus sournois et un rictus ou un simple petit mouvement oculaire trahit rapidement la suite des événements.
Un très bon moment de lecture !



28 mars 2013

Le voleur de regards - Sebastian Fitzek


Publié en Allemagne en 2010 et disponible en français depuis le 6 mars, "Le voleur de regards" est le cinquième roman, après "Thérapie", " Ne les crois pas !", "Tu ne te souviendras pas" et "Le Briseur d'âmes", de l'écrivain allemand Sebastian Fitzek.

Alexander Zorbach se souvient encore précisément de cet instant en haut du pont avec Angélique, une déficiente mentale menaçant de mettre fin à ses jours et tenant dans ses bras le petit Tim, enlevé à ses parents, qu'elle pensait être son bébé.
Ce jour-là, seuls Tim et Alexander rentreront sains et saufs mais le doute (les choses auraient-elles pu tourner autrement ?) ne cessera de poursuivre le policier au point de lui coûter son job et sa famille.
Sept ans plus tard, devenu journaliste d'investigation judiciaire, Alexander apprend que le Voleur de regards vient de faire sa quatrième victime.
Jusqu'ici 4 femmes, toutes mères de famille, ont été retrouvées asphyxiées à leur domicile, tenant entre leurs doigts un chronomètre laissant à leur mari 45 heures et 7 minutes pour retrouver leur enfant kidnappé.
A la recherche du petit Tobias Traunstein, Alexander est aussi le premier suspect de ses anciens collègues car plusieurs indices renvoient directement à lui...
En cavale, il rencontre Alina Gregoriev, une physiothérapeute aveugle qui prétend avoir eu une vision au contact du Voleur de regards...

A nouveau, Sebastian Fitzek tente de "dissuader" les curieux qui oseraient s'aventurer entre les lignes, ce qui provoque naturellement tout l'effet contraire :)
Comme dans "Le Briseur d'âmes", il est encore question ici d'un chrono (et donc d'une écriture au rythme soutenu) mais un peu plus particulier puisqu'il s'agit d'un compte à rebours.
J'ai néanmoins largement préféré ce roman-ci, mieux construit, mieux dosé, plus creusé mais moins tarabiscoté et pourtant plus efficace.

Le chapitrage à rebours est assez déconcertant de prime abord mais se justifie totalement puisque le lecteur progresse au rythme du chrono imposé par le Voleur de regards. On peut même dire que la notion de temps revêt ici une importance capitale.
C'est une vraie course contre la montre qui s'engage pour Alexander, accompagné par Alina Gregoriev qui au fil des heures lui fournit de précieux indices.
J'ai freiné des 4 fers en apprenant le don de cette jeune femme : l'ésotérisme et moi ça fait 4 et je trouve que certains auteurs y recourent trop facilement pour faire passer des choses qu'ils ne pourraient justifier autrement.
J'ai été agréablement surprise par la crédibilité de son personnage, par sa consistance (son humour aussi, son chien s'appelant TomTom...) et par les nombreux passages consacrés au quotidien des mal-voyants dont on apprend beaucoup de choses dans ce roman.
Les autres personnages ne sont pas en reste : tous se voient auréolés d'un passé trouble et autant de failles éclairées par une fine analyse psychologique.

Un autre point fort de ce roman : l'alternance de points de vue entre Alexander, son assistant Frank, Alina, le petit Tobias (même si je l'ai trouvé un peu trop futé et courageux pour ses 9 ans), le capitaine Stoya et...le Voleur de regards.
Ce dernier est assurément un joueur dont les ultimatums convergent vers un but précis. Si sa démarche n'est pas des plus originales (je l'ai déjà rencontrée dans un film voire même une série de films), son mobile est assez surprenant (et barré).
La question de son identité était pour moi secondaire (je crois qu'il était possible de la deviner). A partir du moment où je connaissais ses intentions, je me demandais surtout comment tout cela allait finir (Alexander et Alina arriveront-ils à temps pour sauver Tobias ?) et là...paf...voilà que la dernière ligne, implacable, cauchemardesque, bouleverse tout pour déboucher sur une fin ouverte.
Le genre de fin qui m'a poussée à ré-examiner les détails disséminés au fil des pages (et m'a fait remercier le ciel de ne pas avoir d'enfants...).
Sebastian Fitzek, dans son épilogue, a évoqué la possibilité, pas forcément d'une suite, de recourir à nouveau aux personnages d'Alexander Zorbach et d'Alina Gregoriev.
Je serais ravie de côtoyer à nouveau ces deux personnages et j'invite chaudement les amateurs de suspense psychologique haletant et tous ceux qui ont les nerfs solides à les découvrir à leur tour :)



 Je remercie Julie Massault et les éditions de m'avoir envoyé ce livre.




26 mars 2013

Le garde du coeur - Françoise Sagan


Publié en 1968, "Le garde du coeur" est un roman de l'écrivaine française Françoise Sagan, notamment auteure de "Un peu de soleil dans l'eau froide", "Bonjour Tristesse", "Un certain sourire", "Les merveilleux nuages", "Des bleus à l'âme" ou encore du journal "Toxique".

Alors que Dorothy Seymour, séduisante scénariste quadragénaire, file dans une Jaguar le long de la route de Santa Monica en compagnie de son amant Paul Brett, la voiture heurte violemment un jeune homme inconscient.
Prise d'une sorte d'instinct maternel et sans rien connaître du passé du jeune homme, Dorothy décide de l'héberger chez elle le temps de sa convalescence.
Le jeune Lewis est tellement ravi qu'une fois remis sur pied, il ne ressent plus l'envie de repartir, mais plutôt celle de protéger sa bienfaitrice en devenant son garde du coeur...
Plusieurs décès étranges se succèdent alors...

Amateurs de suspense, mieux vaut passer votre chemin puisqu'il n'y a ici aucun doute possible : Lewis est bien l'auteur des meurtres perpétrés au long du roman.
Je vous dirais bien, comme à mon habitude, que l'intérêt de lire du Sagan réside ailleurs que dans la construction d'une intrigue bien ficelée.
Mais je vous avoue que là pour le coup, je sèche...
Comme toujours, les personnages féminins chez Sagan possèdent une aura et un pouvoir de séduction suffisants pour faire accepter n'importe quelle situation à l'homme qui souhaite ardemment leur passer la bague au doigt.
Si Paul est au départ irrité par la présence de Lewis chez sa maîtresse, il finit rapidement par s'y attacher, surtout lorsqu'il comprend qu'il ne doit pas craindre en lui un rival dans la mesure où Dorothy considère plutôt Lewis comme un petit frère ou un fils.
On en arrive justement à ce qui m'a irritée chez elle : son excès de tendresse et son indulgence malsaine à son égard ! Même lorsqu'elle comprend à quel point la possessivité de Lewis a atteint des sommets et qu'étant au courant de sa violence, elle est devenue du même coup sa complice, Dorothy se montre totalement dénuée de sens moral, indolente à tout ce qui se passe autour d'elle.
Une impression d'irréalité m'a parcourue durant toute ma lecture.
Jusqu'à présent, j'avais l'habitude des classiques trios amoureux malsains (un couple dans la fleur de l'âge et un jeune homme fou amoureux pour flatter l'ego et tuer le temps) mais dans ce roman-ci, la chose a pris une tournure fort déplacée, trop futile.
Pour une fois, j'ai détesté tous ces personnages pleins aux as et blasés de tout, y compris de la mort.
Si encore j'avais pu extirper de cette histoire de coup de foudre obsessionnel quelque phrase trébuchante mais là encore je suis restée sur le carreau.

Je n'ai malheureusement pas retrouvé dans ce roman la Sagan qui me plaît d'ordinaire mais plutôt découvert celle dont certains lecteurs méprisent les habituelles ficelles et la fameuse "petite musique".
Préférez à ce roman "Les bleus à l'âme" ou "Bonjour tristesse", bien meilleurs selon moi.

22 mars 2013

Les Apparences - Gillian Flynn (livre audio)


Publié en 2012, "Les Apparences" est le 3ème roman, après "Sur ma peau" et " Les lieux sombres" de l'écrivaine américaine Gillian Flynn.

Suite à la perte de leurs jobs respectifs et à l'annonce du cancer de Maureen Dunne, son fils Nick et sa femme Amy renoncent à l'effervescence new-yorkaise pour rejoindre Carthage, petite ville paisible du Missouri où Nick a grandi.
Grâce au soutien financier d'Amy, Nick ouvre bientôt un bar avec sa soeur jumelle Margaux.
Quelques années après, alors que Nick rejoint sa femme à la maison pour fêter leurs 5 années de mariage, il découvre leur salon sens dessus-dessous et des indices attestant d'un départ précipité.
Mais avant de disparaître, Amy avait néanmoins eu le temps d'organiser sa chasse aux trésors annuelle, une coutume instaurée par elle pour leur permettre de se remémorer les instants phares de leur vie de couple heureuse.
Très vite, les recherches s'organisent. Mais tandis que les voisins, la presse et la police voient en lui le suspect idéal, Nick est bien décidé à entamer la chasse aux trésors qui lui permettra peut-être de retrouver Amy...

Comment réussir le pari de vous donner envie de vous précipiter en librairie pour vous procurer ce roman sans en déflorer l'intrigue ?
Thriller psychologique, "Les Apparences" se partage entre le récit de Nick, qui prend place le jour de la disparition de sa femme, et le journal d'Amy, qui débute au moment de leur rencontre en 2005 et s'étale sur plusieurs années jusqu'au "jour où".
D'un naturel réservé et peu enclin à afficher ses émotions, Nick ne semble pas très affecté par la disparition de sa femme et se montre nerveux en répondant aux premières questions de la police.
Il doit bien reconnaître au fond de lui que son couple traversait un cap difficile, qu'Amy ne ressemblait plus en rien à la femme drôle et cool dont il était tombé amoureux mais lui faisait à présent l'effet d'une femme amère, cassante, autoritaire, toujours en colère contre lui.
Au centre d'une série de livres à succès intitulée "L'épatante Amy" dont les auteurs ne sont autres que ses parents, Amy a toujours éprouvé ce besoin de se montrer compétitive, de briller dans tout ce qu'elle entreprenait, attisant la jalousie des femmes et le désir des hommes. Nick a fini par ne plus se sentir à la hauteur, d'autant qu'Amy ne lui a jamais pardonné leur installation dans le Missouri et la mentalité du Midwest qu'elle est forcée d'endurer chaque jour.
Chacun se sent déçu, trahi par l'autre et au fil des pages, on se rend compte à quel point ce couple était loin d'être heureux...

"Les Apparences" est une vraie bombe à retardement qui véhicule une vision glaçante voire accablante du couple et particulièrement des dérives de l'orgueil démesuré, extrême. Manipulation, mensonges, retournements de situation, cruauté, perversion. Une écriture plus qu'efficace, une construction impeccable (les différents éléments de l'intrigue sont savamment distillés) qui s'appuie sur une analyse psychologique aiguisée et pénétrante. Ce sentiment d'un conflit permanent entre le vrai et faux qui vous envahit pour ne plus vous lâcher avant la fin.
Des personnages multi-facettes dont les personnalités ambigües sont parfaitement bien rendues au travers des voix d'Odile Cohen et Julien Chatelet.

En toile de fond, le reflet d'une Amérique voyeuriste et obsédée par son image. La surmédiatisation incessante des affaires criminelles, l'intimité volée et l'exploitation écoeurante des proches au service de l'"infotainment".
Je peux vous dire que vous ne serez pas au bout de vos surprises avec ce roman de pure folie, aussi brillant que profondément malsain !
Un vrai coup de coeur que je ne peux que vous recommander !



D'autres avis : Clara - Canel - Theoma - Stephie - Ys - Alex

MERCI à de m'avoir envoyé ce livre audio !


19 mars 2013

Dentiste mystérieux à Manhattan et autres nouvelles - Woody Allen


Publiées en 2007, les 9 nouvelles composant le présent recueil sont elles-mêmes extraites du recueil "Mere Anarchy" (en français "L'erreur est humaine") du scénariste et écrivain américain Woody Allen.

Des personnages déchus en quête (d'un retour) de gloire et d'argent. Dans "Notre père qui êtes sur la toile", Hamish Spencer se fait engager comme rédacteur de psaumes sur Ebay. "Mortelles papilles, ma jolie" ou les aventures d'un détective chargé d'enchérir sur une truffe géante. Mike Umlant, employé dans une baraque à hot-dogs s'imagine reprendre son ancien train de vie de producteur de cinéma dans "Attention, chute de nababs". L'écrivain Flanders Mealworm est sollicité par un producteur de cinéma pour novelliser un vieux film dans "Stylo à gages". Dans "A Vienne que pourra", Fabian Wunch cherche un pigeon investisseur pour sa nouvelle comédie musicale "Fun de siècle".
"Ainsi mangeait Zarathroustra" ou la découverte d'un ouvrage inédit signé Friedrich Nietzsche et intitulé "Mes secrets minceur".
 Un détective se lance à la poursuite d'un tueur en série particulier dans "Un dentiste à Manhattan".
"Théorie des cordes et désaccord" ou la théorie qui permet de relativiser un rateau...
"Prise de bec au procès Disney" revient sur le témoignage farfelu de Mickey Mouse.

" Comme nous le savons, Rome a pendant des siècles considéré le sandwich braisé à la dinde sauce hot comme le summum de la transgression; de nombreux sandwichs ont pendant des siècles été privés de sauce hot et n'ont eu droit de s'embraser à nouveau qu'après la Réforme. Les tableaux religieux du quatorzième siècle représentaient initialement des scènes de damnation où des individus en surcharge pondérale erraient en enfer, condamnés à se nourri de salades et de yaourts.
Les Espagnols se révélèrent particulièrement cruels : pendant l'Inquisition, un homme pouvait être condamné à mort pour avoir farci des avocats avec des miettes de crabe." p.28

Si je connais quelques films de Woody Allen, je ne m'étais jusqu'ici jamais attardée sur ses écrits.
Que les fans cinéphiles se rassurent, on retrouve bien dans ces nouvelles un concentré de "Woody dans tous ses états".
Woody Allen peut se targuer d'une écriture énergique, teintée d'humour et de dérision. Nul doute qu'il prenne beaucoup de plaisir à écrire, cela se ressent à la lecture.
Néanmoins, il est aussi très difficile à suivre par moments. Sans verser dans une forme de condescendance ou de supériorité intellectuelle, il mélange parfois tellement de concepts, de références, de personnages plus ou moins connus pour figurer des expressions et situations que j'ai parfois eu l'impression de rester sur le carreau, particulièrement dans "Ainsi mangeait Zarathoustra" et "Théorie des cordes et désaccord".
En revanche, quand on parvient à le suivre dans son délire, c'est un régal ! J'ai beaucoup aimé les différentes nouvelles consacrées à la folie des grandeurs rattrapée par les coups du sort ironiques de la vie, au flattage d'ego et au succès éphémère qui règne à Hollywood.

Du coup, j'ai envie de dire : à vous de voir :)

L'avis de Kathel




16 mars 2013

Meurtres au manoir - Willa Marsh














Publié en Angleterre en 1999 et traduit en français l'année dernière, "Meurtres au manoir" est le 3ème roman, après "Meurtres entre soeurs" et "Le journal secret d'Amy Wingate", de l'écrivaine britannique Willa Marsh.

Suite à sa rencontre avec Thomas, riche veuf vivant dans un manoir Tudor avec sa fille et ses 2 vieilles tantes, Clarissa accepte sa demande en mariage et quitte Londres pour s'installer avec lui au Pays de Galles.
Tante Gwyneth et Tante Olwen, bien que sujettes à d'étranges superstitions, se montrent tellement gentilles avec Clarissa que celle-ci en oublie momentanément l'isolement dans lequel la plonge sa nouvelle situation.
Mais au bout de quelques mois, Clarissa commence à se languir de ses amies et désespère de pouvoir tomber enceinte d'un mari devenu rapidement ennuyeux.
C'est alors que Georgy, sa "meilleure meilleure" amie, décide de lui rendre visite au manoir...

Un nouveau roman de Willa Marsh, ce sont des personnages amoraux et la promesse d'une histoire à l'humour grinçant avec à la clé de nombreux rebondissements.
Au départ, j'ai été exaspérée par le comportement intéressé de Clarissa, qui semble bien plus amoureuse du manoir et ce qu'il représente que de son mari.
Mais très vite, le vent tourne et l'on s'aperçoit que les deux vieilles tantes d'apparence inoffensive, s'avèrent bien plus rusées au jeu de la manipulation et ce, dans un but bien précis.
Complètement instrumentalisée par celles-là mêmes qu'elle considère comme des confidentes et des alliées, Clarissa, décidément peu finaude d'un bout à l'autre du roman, ne se rend compte de rien, trop aveuglée par son égocentrisme et son goût pour l'oisiveté.
Et alors que l'on pensait avoir tout vu, voilà que la meilleure amie débarque avec la ferme intention d'évincer Clarissa, au grand dam des deux tantes qui voient en celle-ci une redoutable adversaire.
Sans le savoir, Clarissa se retrouve entourée de vautours gravitant autour d'elle en attendant leur heure de gloire.
Si elle n'était pas aussi gourde et incapable de réfléchir par elle-même, on en viendrait presque à avoir pitié d'elle...

Autant dire que les complots et les retournages de vestes en fonction des intérêts de chacun vont bon train dans cette histoire (pire que dans 3 épisodes des "Feux de l'amour" c'est vous dire ^^), d'autant que l'arrivée impromptue d'Evan, cousin éloigné de la famille, corse encore un peu plus l'intrigue...
Jusqu'au bout je me suis demandée qui serait le plus fin limier et sur quoi déboucherait toute cette machination et, bien que j'avais imaginé une fin fort différente, je dois dire que j'ai finalement apprécié que l'auteure laisse planer quelque doute sur certains aspects flous de l'histoire.
Car en marge de cette ambiance propice à la suspicion se dégage aussi une atmosphère étrangement gothique, teintée de magie, de fantômes et de vieilles croyances reléguées par les tantes.
De quoi conserver une touche de mystère, même à la fin :)

Je crois qu'à la lecture de ce billet, vous aurez compris que j'ai à nouveau été conquise par la vivacité et l'humour noir de Willa Marsh !
Bonne nouvelle, "Meurtres au manoir" est disponible en poche depuis le mois de janvier !

Il n'est pas sûr que je réussisse à attendre sagement la sortie poche de son dernier roman "Le prix de l'innocence" ^^


13 mars 2013

Fleurs sanglantes - Colleen McCullough


Publié aux USA en 2010 et disponible en français depuis juillet 2012, "Fleurs sanglantes" est le troisième volet, après "Corps manquants" et "Douze de trop", des enquêtes policières mettant en scène le capitaine Carmine Delmonico.
L'australienne Colleen McCullough est notamment célèbre pour ses romans "Les oiseaux se cachent pour mourir" et "Tim".

Dans "Fleurs sanglantes" (dont la signification du titre ne sera dévoilée que dans les toutes dernières lignes...), vous n'assisterez pas moins qu'à une série de viols perpétrés par un homme qui s'est lui-même surnommé "Didus Ineptus" (ancien nom scientifique pour qualifier le Dodo, oiseau disparu depuis plusieurs siècles), à un braquage de banque, à de multiples effractions dans un magasin d'objets en verre, à la découverte d'une cache d'armes dans une école ou encore au kidnapping d'un éminent scientifique allemand.
Le rapport entre toutes ces affaires ? Cherchez pas...

Sans être une accro aux thrillers, j'aime me faire peur de temps à autre. Je sais que dans mon cas, l'intrigue, les rebondissements (pour autant qu'ils soient bien dosés et pas expédiés dans les 10 dernières pages), la psychologie des personnages, les frissons suscités ont bien plus d'importance que l'écriture dont je n'attends finalement pas grand chose (il faut dire ce qui est, c'est quand même jamais du Balzac hein...).
Si vous avez l'intention de découvrir ce livre, sachez qu'il peut tout à fait se lire indépendamment des deux précédents volets.

"Fleurs sanglantes" démarre plutôt en force avec une scène de viol pas piquée des vers. Evidemment, l'effet de choc passé, on voudrait en savoir davantage sur la personnalité du bonhomme, ses antécédents, son mobile, son profil de victimes,...
Sauf que...on tourne les pages désespérément, d'abord surpris puis dépité par la succession d'enquêtes connexes. Peut-être que toutes ces affaires finiront par se relier d'une manière ou d'une autre ?
Pour faire languir encore un peu plus le lecteur, de (trop) longues pages sont aussi consacrées à la popote interne du service de police local.
J'avoue que les problèmes administratifs et conjugaux des uns et des autres ne m'ont que très peu intéressée (d'autant que les dialogues entre Delmonico et sa fadasse d'épouse manquent cruellement de naturel) et que je cherchais surtout à retrouver l'ambiance thriller du début.
Et finalement, même le personnage du Dodo que j'avais hâte de retrouver m'a semblé bien fade, si peu creusé.
Les autres personnages ne sont guère mieux lotis, entre Delmonico qui ne fait au fond que superviser les enquêtes, son insupportable stagiaire Helen MacIntosh qui balance des allusions à sa fortune familiale à longueur de temps, les horripilants jumeaux Wharburton et la famille bobo allemande du kidnappé qui a l'air tout droit sortie d'un épisode de Derrick.
Bref j'avais au moins 10 raisons d'arrêter ce "thriller" (mais où ? quand ?) avant la fin si je n'avais pas cherché jusqu'au bout à comprendre le sens de tout ceci.
Dernière précision, en plus d'être terriblement plan-plan, superficiel et dispersé, le roman se situe à la fin des années 60 et cela se ressent beaucoup dans cette écriture ringarde, comme si l'auteure avait été victime d'un bug en 1968.

Quelqu'un a-t-il lu "Les oiseaux se cachent pour mourir" ? Je tente le coup ou je laisse définitivement tomber cette auteure ?

Je remercie néanmoins Valérie Trahay et les éditions de m'avoir envoyé ce livre.




10 mars 2013

Je me tiens devant toi nue - Joyce Carol Oates


Publié aux USA en 1991 et traduit en français 10 ans plus tard, "Je me tiens nue devant toi" est un recueil de courtes scènes destinées au théâtre et signé de la plume de l'américaine Joyce Carol Oates.

12 voix de femmes. 12 monologues désespérés et autant d'existences cabossées par la vie, et surtout par les hommes.
12 femmes mises à nu, dévoilant leur intimité au lecteur, tantôt pris à témoin tantôt assimilé à ceux-là mêmes qui leur ont fait du mal.
Une institutrice sur le point de dépuceler l'un de ses élèves dans un motel. Une bonne chrétienne attendant la libération de son mari condamné pour les viols et les meurtres de plusieurs femmes.
Une gogo-danceuse violentée revenue d'entre les morts. Une anorexique en prise avec le sentiment de sécurité et de contrôle que lui procure sa maladie. Une malade mentale priant pour un Holocauste nucléaire.
Une future mère célibataire dialoguant avec son bébé à naître. Un choeur de femmes scandant la solitude, le besoin de reconnaissance, la soif d'amour comme seul salut tandis que Norma Jeane pose pour le calendrier "Golden Dreams" sous l'oeil averti de...Marilyn Monroe.

" Pourquoi l'amour...le fait de faire l'amour...ça vous rend pas heureux les mecs ? Pourquoi comme ça, des fois, pourquoi vous voulez faire du mal? Comme...de tuer ? Vous ne frapperiez pas la terre, hein dites, le sol, vous piétineriez pas une p'tite pousse verte pas vrai, j'veux dire le corps de votre maman c'est tout pareil, vous en sortez et elle vous a donné le sein et tout, alors, le corps d'une autre femme devrait pas vous pousser à faire du mal, j'veux dire pourquoi ça devrait ?
J'veux dire ça devrait ou quoi ? J'veux dire l'amour...le côté lumineux de la lune qu'on peut voir...puis il y a la mort, le faire la mort...le côté noir de la lune qu'on peut pas voir. Mais tu sais que c'est là. 
Ok cette dernière fois, c'est la pire connerie d'Yeux d'Ange en trente-deux ans, j'veux dire LA PIRE pour sûr. J'aurais juré que c'était un type bien...ouais !" p.33

Jusqu'à présent, je ne connaissais Oates qu'au travers de quelques-uns de ses romans et lorsque j'ai eu vent de l'existence de ce recueil, j'y ai vu l'occasion de découvrir l'auteure dans un autre registre.
En lisant le résumé, j'ai pensé à une sorte de "Monologues du vagin" mais en beaucoup plus torturé. Du Oates quoi.
De romans en romans, l'auteure a toujours réussi à me plonger dans des spirales infernales dont je ressortais en m'interrogeant à chaque fois sur ma propre santé mentale. Pourquoi suis-je attirée par ses récits malsains, foncièrement amers et dangereusement réalistes ? Je dois juste être complètement maso, je ne vois que ça. Mais à en juger par la taille de son lectorat, il semblerait que je sois loin d'être la seule.

Fidèle à ses thèmes de prédilection, l'auteure nous propulse cette fois encore (ou plutôt 12 fois dans ce cas-ci) dans une Amérique simple d'esprit et bien souvent aveuglée par de ferventes croyances religieuses auxquelles on se raccroche vaille que vaille.
Autant dire que les hommes y sont comme toujours pervers et violents et que Dieu ne changera rien à l'affaire (j'ai oublié de mentionner qu'à chaque fois que je finissais un texte de Oates, il me venait une envie subite de castration chimique et de brûlage de crucifix, raison pour laquelle je lis l'auteure avec parcimonie. Hum...bref...je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet).
Qu'elles soient issues d'un milieu aisé ou livrées à elles-mêmes, les femmes dont il est question ici évoluent dans des univers oscillant entre cauchemar et réalité.
Certaines continuent d'entretenir une illusion autour de Dieu, d'un homme ou d'un fantasme inassouvi, tandis que pour d'autres il est tout simplement trop tard que pour retrouver le court normal de leur vie.

Je n'ai pas été surprise par le fond mais plutôt par la forme de ces textes à l'écriture brute, familière          (parfois vulgaire mais sans être crue), exaltée, parfois tellement délirante que je n'arrivais plus à suivre.
Il n'est pas rare que l'on trouve ce type de monologues dans les romans de l'auteure, mais dans ce cas-ci, décontextualisés, concentrés sur eux-mêmes, certains m'ont fait l'effet d'énigmes impossibles à résoudre.
 
Ceci dit, rien que pour le dernier texte - Miss Golden Dreams - hommage aussi amer qu'émouvant à Norma Jeane/Marilyn Monroe, je ne regrette finalement pas cette lecture.




3 mars 2013

L'attente - Christine Orban















Publié en 1999, "L'attente" est un roman de l'écrivaine française Christine Orban, notamment auteure de "N'oublie pas d'être heureuse", "Le pays de l'absence" ou encore "Virginia et Vita".

Une femme, monteuse aspirante scénariste, mariée à un médecin aperçoit un soir un homme dans un bar.
Ils se toisent, se cherchent du regard. Entre eux s'opère un jeu de séduction distant et silencieux mais suffisamment intense pour que cette femme en vienne à remettre en question son mariage. Laurent, son mari, devient subitement un étranger.
Même elle ne se reconnaît plus, devenant vulnérable et prenant soin de son apparence comme elle ne s'était jamais donnée la peine de le faire pour elle-même ou son mari.
Désormais plus rien d'autre ne compte, si ce n'est de se préparer tous les soirs à revoir cet homme.

" J'étais entrée dans le temps de l'attente. L'attente, ce temps immobile, interminable sans lui. Ce temps gâché que j'aurais aimé, si j'avais pu, offrir à ceux qui en manquaient, ce temps d'horloge qui ponctuait ma vie, un temps vide, répétitif, immuable, à vous attaquer les nerfs.
Avec les gestes anodins d'une monteuse, le sourire hypocrite d'une épouse, j'essayais pourtant de donner le change.
Si, malgré ce désenchantement, mon allure était devenue plus provocante, si quelque chose en moi respirait l'ambiguïté, la disponibilité, l'adultère en filigrane, c'était à cause de lui." p.67

J'ai acheté ce roman il y a 3 ans (voire plus), intriguée par cette histoire tournant autour du désir féminin.
Voilà une femme qu'une rencontre furtive va complètement bouleverser. On la devinait jusque là installée dans un mariage confortable avec un homme gentil, solide, aimant mais conventionnel.
Sa rencontre avec un inconnu éveille en elle une soif de danger, un fantasme obsessionnel pour lequel elle est prête à attendre...des mois.
Le récit d'une attente, douloureuse, aussi bien pour cette femme que pour le lecteur (effet réussi) qui désespère de connaître le fin mot de l'histoire. Malheureusement, à la sensualité des débuts succède l'ennui, la consternation (excessive, elle attend pendant plus d'un an !) avant le choc final.
La fin est pour le moins inattendue et assez scabreuse. Je suis sortie de cette lecture en me disant "Tout ça pour ça ?"
Lecture décevante donc...