30 juin 2013

Non-stop - Frédéric Mars



Publié en 2011, "Non-stop" est un roman de l'écrivain français Frédéric Mars, également auteur des romans "Le livre du mal", "L'amour est une femme", "Les Ecriveurs", "Son parfum" et plus récemment de "Le manuel du serial-killer".

9 septembre 2012. Dans un New-York qui renaît à peine de ses cendres et se prépare à l'inauguration de la Tour de la Liberté, voilà que la panique règne à nouveau lorsqu'une violente déflagration fait rage au coeur d'une station de métro.
Une vague d'attentats sévit progressivement dans des lieux publics dispersés dans toutes les villes du pays. Les responsables ? Des citoyens américains ordinaires, équipés d'un pacemaker piégé qui explose au moment où ceux-ci s'arrêtent de marcher.
Tous les services de police travaillent de concert, avec pour chefs de file l'agent du NYPD Sam Pollack et Liz McGeary qui coordonne l'enquête au niveau national.
Comment parviendront-ils à arrêter ces "marcheurs de la mort", à la fois cibles et armes d'un ennemi invisible ?

J'avais gagné ce roman lors d'un concours chez Liliba (encore merci m'dame !) mais comme d'habitude, devant l'engouement général, je repoussais sans cesse ma lecture de ce roman.
Il faut dire que le résumé de ce roman m'a longtemps fait hésiter à cause de sa ressemblance avec le (mauvais) film "Crank" ("Hyper Tension" en français). Il y est question d'un tueur à gages empoisonné et forcé de maintenir un taux élevé d'adrénaline pour survivre.
Comme annoncé, "Non-stop" s'inscrit bien dans le genre de la série "24h Chrono". Chapitres courts et titrés comme dans les séries télé. Rythme effrené et tension continue. Ecriture sèche et haletante. Sans compter le personnage de Sam Pollack qui n'a rien à envier à l'endurance d'un Jack Bauer.
Rien ne peut le détourner de sa mission. Et même lorsque sa fille se trouve en danger, Sam Pollack conserve toute l'étoffe du héros national (sans manger et sans dormir pendant 72 heures, cela va sans dire).
Sam Pollack n'est pas le genre d'homme à attendre sans rien faire. Mais tout de même, j'ai trouvé que l'auteur expédiait un peu trop rapidement le dilemme entre le flic et le père de famille.
J'ai trouvé cela dommage car l'on sent bien que l'auteur a réellement voulu ménager une large place à la dimension humaine dans son roman. Plusieurs chapitres sont ainsi consacrés aux réactions populaires, dictées par l'instinct de survie. qu'il s'agisse de certains marcheurs condamnés ou des non-concernés qui tirent salement profit de la situation.
Le portrait du président Cooper (premier président noir, démocrate, successeur de Bush, autant dire un Obama à peine déguisé) laisse également entrevoir un homme avant tout soucieux de son pays. Un portrait des plus séduisants mais pas forcément toujours crédible...

Du reste, le point fort de ce roman réside sans aucun doute dans sa documentation étayée. Les descriptions des lieux publics et des rues new-yorkaises apparaissent plus vraies que natures. J'ai appris pas mal de choses sur les procédures et dispositifs américains post-11 septembre ainsi que sur les enjeux géostratégiques complexes liant les USA au Moyen-Orient.
Je ne peux que saluer le travail de fond de l'auteur (français de surcroît).

S'agissant de l'histoire en elle-même, malgré un rythme soutenu, celle-ci m'est apparue longuette et sans réelle surprise, ponctuée par une fin qui selon moi manquait de quelques explications.
Un roman à la sauce US que pour ma part je situerais un cran au-dessus d'un film d'action avec Denzel Washington...


"Ainsi en allait-il de l'opinion dans un pays aussi métissé: contradictoire, aveugle quand cela l'arrangeait, et si volontiers volatile. Quatre-vingt-un pour cent des Américains estimaient que le 11 Septembre était l'événement le plus marquant de leur existence. La plupart d'entre eux assimilaient ce drame à l'islam, à tort, cela va sans dire.
Et pourtant c'est une musulmane, Rima Fakih, que leur vote populaire et souverain avait élu Miss America en 2010. La première reine de beauté arabe des Etats-Unis.
C'est avec ce tissu de courants opposés, de haines tenaces et de fantasmes, de peurs absurdes et de menaces parfois bien réelles, que les politiques devaient composer." p.468


"Non-stop" était une lecture commune avec Géraldine dont je file découvrir le billet !

D'autres avis : Liliba - Sandrine - Argali - Mango - Alex - Hérisson - Stephie



8 juin 2013

Je suis un écrivain frustré - José Angel Manas


Publié en Espagne en 1996 et traduit en français en 1998, "Je suis un écrivain frustré" est un roman de l'écrivain espagnol José Angel Manas, également auteur des romans "Historias del Kronen" et "Mensaka" (tous deux adaptés au cinéma).

J. le dit lui-même : s'il est bon professeur et excellent critique, il est aussi un piètre écrivain, incapable d'aligner deux phrases sans se voir confronté à la page blanche.
Une situation d'autant plus frustrante que J. côtoie au quotidien son ami Mozart, professeur de littérature tout comme lui mais surtout écrivain à succès ayant en plus épousé Carmen, la femme dont tous deux étaient amoureux à l'Université.
Que ne donnerait-il pas pour pouvoir lui clouer le bec et connaître enfin la gloire ?
C'est alors que Marian, l'une de ses plus brillantes élèves, lui demande si il accepterait de lui donner son avis sur le roman qu'elle a écrit...

Introverti, asocial, envieux, vulgaire, désagréable, jouisseur très porté sur le sexe et la bibine, à défaut de pouvoir prétendre au talent, J. a tout de l'écrivain frustré et insupportablement égocentrique.
Si sa conscience le taraude souvent, ce n'est que pour attiser en lui la peur paranoïaque d'être découvert, et non pour le remettre sur le droit chemin.
Car si il est une chose de plus en plus évidente au fil du roman, c'est que J. ne s'embarrasse pas de questions morales et préfère se protéger en affirmant qu'il agit au nom de l'Art !
Dès le moment où il s'enthousiasme pour le roman écrit par Marian, J. glisse de plus en plus dans la folie, allant jusqu'à se persuader que ce roman est le sien.
Le pire c'est qu'il parvient à décrocher un prix littéraire ! L'occasion pour l'auteur d'aborder un milieu qui dans ce cas-ci s'avère peu regardant.

Malgré tout le mépris que j'ai pu ressentir pour cet homme, je me suis demandée jusqu'où celui-ci était prêt à aller pour assouvir sa soif de reconnaissance (comment fera-t-il pour le second roman ?)
Très loin, croyez-moi ! J'ai d'ailleurs trouvé la dernière scène avec Marian vraiment scabreuse même si je reconnais qu'elle n'est pas si étonnante que cela quand on connaît le bonhomme...
Tout au long de ma lecture, j'ai ressenti comme un malaise du fait que le roman est écrit sous la forme d'une longue confession. Je me sentais comme la complice de la folie de J., pourtant incapable de faire quoi que ce soit. Une sensation étonnamment contrebalancée par l'humour de l'auteur qui, à travers la légèreté de son personnage, réussirait presque à faire oublier toute l'injustice et la cruauté qui se jouent dans ce roman.

"Je suis un écrivain frustré" ou quand la réalité rejoint la fiction. A moins que ce ne soit l'inverse ?
A lire :)


L'avis de Ys

6 juin 2013

Comme ton ombre - Elizabeth Haynes


Publié en Angleterre en 2011 et traduit en français la même année, "Comme ton ombre" est le premier roman de l'écrivaine britannique Elizabeth Haynes.

"Comme ton ombre" entrecroise les parcours de deux femmes singulièrement différentes.
L'une, avenante et très à l'aise en société, passe tout son temps libre avec sa meilleure amie, à sortir en boîte de nuit pour finir saoule et toujours accompagnée d'un bel homme.
Sa rencontre avec le séduisant Lee lui fait dire que sa vie de débauche pourrait bien être derrière elle.
L'autre se retranche le plus possible dans son appartement, souffrant d'un sentiment d'insécurité tel qu'elle développe d'importants TOC qui la poussent à vérifier plusieurs fois portes et fenêtres, à ne faire des courses que les jours pairs, à changer de chemin tous les jours pour s'assurer de ne pas être suivie.
Elle ne déroge jamais à ses rituels qui, loin de s'avérer contraignants, la rassurent pour un temps.
Bien qu'opposées, ces deux jeunes femmes ont pourtant bien des choses en commun...

Après ma double déconvenue avec Karin Slaughter, j'avais besoin d'un thriller, un vrai ! Et on peut dire que j'ai été servie...
Contrairement à d'autres lecteurs, j'ai rapidement vu les choses venir. Mais ce n'est pas pour autant que je me suis ennuyée, loin de là.
J'ai vraiment apprécié la structure de ce roman, la façon dont les parcours de ces deux femmes se répondent d'une certaine manière. Sans trop en dire, il est question ici à la fois de troubles obsessionnels compulsifs (les fondements, les manifestations), de manipulation et de violence conjugale; trois thèmes que j'ai trouvé fort bien décryptés ici.
En marge de la fine analyse psychologique déployée par l'auteure, il règne une ambiance particulièrement stressante dans ce thriller. De quoi vous rendre parano... Plusieurs fois, je me suis surprise à vérifier que j'avais bien tourné 4 fois la clé dans la serrure de ma porte blindée.
Seul petit bémol pour ma part : le personnage de Stuart, voisin et psy que j'ai trouvé trop insistant et autoritaire.

Bien que je savais que j'approchais lentement d'un certain moment fatidique de l'histoire, je progressais dans ma lecture avec appréhension.
Non par ennui, mais pour que le cauchemar du personnage principal puisse prendre fin d'une façon ou d'une autre.
Je rejoins l'avis de Clara pour ce qui est de la comparaison avec "Robe de marié" de Pierre Lemaître, même si j'ai trouvé ce thriller-ci moins abracadabrant (un point de plus pour "Comme ton ombre"). 

Un bon thriller flippant à lire seule dans le noir (seulement si vous n'avez peur de rien et que vous êtes armée jusqu'aux dents ^^).


D'autres avis : Val - Clara - Mango - Liliba - Canel



4 juin 2013

Cercueils sur mesure - Truman Capote



Publié en 1975 et traduit en français en 1982, "Cercueils sur mesure" est un récit - extrait du recueil "Musique pour caméléons" - de l'écrivain américain Truman Capote, particulièrement connu pour ses romans "De sang froid" et "Petit déjeuner chez Tiffany".

T.C rend visite à un vieil ami, Jake Pepper, détective pour le State Bureau of Investigation, qui enquête depuis plusieurs années sur une série de meurtres étranges.
Avant de mourir dans de tragiques circonstances (morsures de crotales, décapitation, noyade, absorption de nicotine liquide,...), toutes les victimes ont reçu un cercueil miniature en bois dans lequel reposait une photo d'elles qu'elles ne connaissaient pas.
A l'évidence, Jake Pepper persiste à croire que le coupable se trouve être Bob Quinn, riche propriétaire terrien qui s'est vu contraint, contre son gré, de partager la rivière qui traverse son ranch avec ses voisins fermiers.
Et comme par hasard, toutes les victimes faisaient partie de la commission ayant voté cette décision...

Piqué d'intérêt par l'obsession de son ami, T.C passe du temps en sa compagnie, tandis que celui-ci continue de chercher des indices attestant de l'évidente culpabilité de Bob Quinn.
Sous-titré "Récit véridique non romancé d'un crime américain", "Cercueils sur mesure" donne à réfléchir quant à la part fictionnelle du récit, d'autant que T.C, le narrateur, laisse aisément penser à l'auteur lui-même et que certaines parties du récit font penser à des notes prises au fil du temps.
Beaucoup d'échanges ont lieu entre les deux amis, de nombreuses questions sont soulevées, les hasards s'accumulent mais...s'agissant de l'enquête, le doute subsistera jusqu'au bout.
J'ai senti tout du long une certaine réserve de la part de T.C qui tente sans doute de conserver une certaine objectivité là où son ami s'acharne à vouloir coincer le coupable. Il y a même une certaine connivence qui s'installe entre lui et le présumé coupable.

J'ai refermé ce petit récit avec un mélange de contentement et d'insatisfaction. J'ai beaucoup apprécié le style clair de l'auteur, la façon dont il parvient à piquer rapidement l'intérêt du lecteur, le soin apporté dans la caractérisation de chacun de ses personnages.
Mais bon sang cette fin ou plutôt cette non-fin !


D'autres avis : Lili Galipette - Manu - Soukee