29 mars 2014

Mourir, la belle affaire - Alfredo Noriega


"Mourir, la belle affaire" est le premier roman traduit en français l'an passé de l'écrivain équatorien Alfredo Noriega.

Un accident de voiture. Un délit de fuite. Maria del Carmen est l'unique survivante. Et voilà que deux ans après les faits, celle-ci est retrouvée morte, probablement des suites d'un suicide.
L'inspecteur Heriberto Gonzaga se rappelle sa promesse faite à la jeune femme de retrouver les coupables.
Ses recherches le mènent à l'architecte Ortiz qui trempe dans un milieu pas très recommandable...

"Mourir, la belle affaire", un titre vraisemblablement emprunté à la chanson "Vieillir" de Jacques Brel ("Mourir, cela n'est rien. Mourir la belle affaire !"), et de circonstance pour ce roman étant donné que la mort y joue un rôle prédominant.
Jamais à l'abri d'une catastrophe naturelle, Quito est par ailleurs connue pour ses règlements de comptes, ses automobilistes maladroits et ses nombreuses églises ("une ville née pour prier").
Perdu au milieu de cette capitale toujours en mouvement, Arturo Fernandez, médecin légiste qui se qualifie lui-même de "filtre à douleur", accueille avec fatalisme un défilé de morts (in) directement liés à l'affaire qui occupe l'inspecteur Gonzaga.

En plus de partager les fréquents états d'âme auxquels l'expose son métier, il succède régulièrement à un narrateur omniscient pour dresser la chronique désenchantée de cette ville tout sauf paisible.
Nul doute que derrière ce témoin au sentimentalisme amer voire cynique se cache l'auteur lui-même.

Sans avoir été totalement déçue par ce roman, je dois reconnaître que je m'attendais à une intrigue plus consistante.
Or il semblerait que l'affaire traitée par l'inspecteur Gonzaga soit avant tout le prétexte à la peinture d'une galerie de personnages cheminant vers un destin inéluctable, comme engloutis par une ville dangereusement capricieuse.
Un roman noir qui ne plaira sans doute pas à tout le monde - particulièrement aux amateurs de romans à l'intrigue bien ficelée - mais dont, pour ma part, j'ai apprécié l'ambiance sombre liée au décor.


Merci à Babelio et aux éditions Ombres Noires de m'avoir envoyé ce roman




L'avis de Sandrine

19 mars 2014

Ida, tome 1 - Chloé Cruchaudet



Publié en 2009, "Ida, tome 1" (Grandeur et Humiliation) est le premier volume d'une trilogie écrite et illustrée par la française Chloé Cruchaudet à qui l'on doit notamment les albums "Groenland Manhattan" et "Mauvais genre".

1887, Bâle, Suisse. Ida Von Erkentrud se plaint de nombreux maux qui la contraignent à garder le lit depuis près de 10 ans.
A court idées et parce que la trentenaire se montre insupportable, le médecin de famille l'envoie prendre le bon air marin au large des côtes françaises.
Au grand étonnement de sa soeur à laquelle elle écrit régulièrement, Ida se rend compte qu'être en mouvement la maintient en excellente forme.
Elle décide alors de prolonger son voyage et même de monter une expédition vers l'Afrique...



Ayant beaucoup aimé "Mauvais genre", j'avais très envie de découvrir les autres albums de Chloé Cruchaudet. En apercevant cette somptueuse couverture, symbôle de l'ouverture d'Ida sur le monde, autant dire que je n'ai pas hésité longtemps à me procurer ce premier tome.
Si Ida passe au début pour une petite nature en quête d'attention, cette bourgeoise hypocondriaque et capricieuse m'est devenue plus sympathique dès lors qu'elle quitte son lit pour entreprendre son voyage.
Certes, malgré sa soif d'aventures, elle reste une diva qui ne voyage pas sans confort ni élégance (ah la scène de la crinoline coincée dans l'arbre :)).


Mais propulsé dans des contrées sauvages à la rencontre de l'Autre, ce personnage aux idées arrêtées et dôté d'un sacré franc-parler prête souvent à sourire.


Il n'est pas rare qu' Ida tienne tête à des hommes qui lui conseillent gentiment de tenir son rang. L'occasion pour l'auteure de rappeler que cette fin de 19ème a encore des progrès à faire concernant les droits des femmes.

Pour conserver une trace de ses voyages, Ida inventorie les curiosités locales sous forme de listes qu'elle juge pertinentes et qui sont souvent le fruit d'un pragmatisme très féminin.

"Ida" ne saurait se résumer aux péripéties d'une bourgeoise en mal d'aventures. A travers le regard de ce personnage peu commode, Chloé Cruchaudet brosse un 19ème siècle marqué par les visées impérialistes et le colonialisme (les belges en prennent d'ailleurs pour leur grade...).
Côté dessin, beaucoup de couleurs vives sonnant comme des invitations au voyage, mais un trait que j'ai trouvé un peu plus brouillon que dans "Mauvais genre".
J'ai l'impression qu'il est difficile de figurer des expressions à un personnage tout en conservant ses traits. Ida m'a souvent fait l'effet d'une asiatique alors qu'elle est censée être suédoise. Sans compter que ses proportions varient souvent d'une case à l'autre.


Cela étant dit, je ne bouderai pas les tomes 2 et 3 pour autant :)



L'avis de Choco


Sixième participation à la bd du mercredi chez Mango

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Mon billet sur les tomes 2 et 3 ici

12 mars 2014

Violette Nozière Vilaine Chérie - Camille Benyamina & Eddy Simon


En librairie depuis le 15 janvier dernier, "Violette Nozière Vilaine Chérie" est un album illustré par Camille Benyamina et écrit par Eddy Simon.

"Violette Nozière Vilaine Chérie" retrace le parcours de la jeune Violette, condamnée à mort (puis finalement grâciée en 1945) pour l'empoisonnement de ses parents dont son père ne se relèvera pas.
Y avait-il quelque circonstance atténuante pouvant expliquer son geste ?
Enfant unique couvée par ses deux parents, la jeune fille ne manquait de rien, si ce n'est peut-être de distraction.
Délaissant les études pour leur préférer les virées dans le Quartier Latin, la jeune femme n'hésite pas à s'inventer des vies et à faire payer ses charmes aux hommes pour financer son train de vie.
Lorsqu'elle tombe amoureuse d'un jeune étudiant en droit désargenté, elle se retrouve vite à court d'argent et commence à dérober de l'argent à ses parents.
Alors que son père lui passe tout, sa mère voit ses mensonges d'un mauvais oeil et refuse de contribuer plus longtemps à sa vie frivole.



Comment ne pas céder à ce regard, à la fois dur et intriguant qui domine la couverture ?
Comme le laisse transparaître l'album, difficile de poser un jugement sur cette jeune fille tant il se dégage d'elle, malgré son crime indéniablement prémédité, une certaine insouciance.
Eprise de liberté qu'elle pense pouvoir obtenir grâce à l'argent, elle s'enfonce dans des mensonges plus mauvais les uns que les autres et grâce à un pharmacien (pas très regardant), se procure des barbituriques. Elle s'y prendra à deux fois avant d'arriver, à moitié (puisque sa mère survivra) à ses fins.
Aucun remords entre la première et la seconde tentative. Ce n'est que plus tard que Violette réalisera la gravité de son geste et demandera pardon à sa mère.


 

Durant ma lecture, j'ai beaucoup pensé à Madame Bovary et à Thérèse Desqueyroux, des femmes dont les actes extrêmes trahissent ce besoin impérieux de pouvoir choisir leurs vies, sans toutefois n'avoir aucune idée de la direction à prendre.
Le crime de Violette semble extrême en regard de ses revendications : on pense volontiers à un caprice d'enfant mais la jeune femme devait sans doute ressentir très intensément l'injustice qui régnait dans sa vie.
J'ai trouvé que "Violette Nozière Vilaine Chérie" présentait pas mal de points communs avec "Mauvais genre", lu il y a peu : les deux albums évoquent un fait divers médiatisé ayant le même cadre (Paris), la même époque (années folles), le même début (les deux albums s'ouvrent sur un procès avant de remonter le fil de l'histoire) et dont les personnages principaux sont prêts à tout pour assouvir leur soif de liberté.
J'ai beaucoup aimé ces dessins brumeux, patinés aux tons sépias et ces bouches rouges de femmes façon carte postale d'époque. Et surtout cette ambivalence psychologique ange/démon qui règne d'un bout à l'autre de l'album.
Petit plus non négligeable : l'album s'achève sur une notice biographique qui révèle la vie de Violette après sa libération.
Un album à ne pas manquer !



D'autres avis :  Choco - Noukette
 


Cinquième participation à la bd du mercredi chez Mango

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9 mars 2014

Amazon et son immobilisme face au plagiat

Depuis hier, la blogosphère est secouée par une nouvelle affaire de plagiat et cette fois, je fais partie des plagiés. J’ai été alertée de cette affaire grâce à un post de Clara sur Facebook informant qu’une certaine Coline donnait son avis sur des livres dans les commentaires du site Amazon en copiant allégrement des avis de blogueurs publiés sur le site communautaire Babelio. Plus de 700 avis publiés et une très grande partie d’avis plagiés (environ une trentaine de blogueurs concernés, certains ayant été plagiés sur plusieurs billets). En ce qui me concerne, la donzelle a copié-collé mon billet sur le roman de Marc Lambron, Tu n’as pas tellement changé ( voici le lien vers "l’avis" de Coline, pour constater le plagiat). J’avais publié mon avis sur le site de Cultura, je pense que c’est là qu’elle l’a repris.
Grâce au forum de Babelio et à Facebook, nous avons pu nous faire connaître entre plagiés et avons tenté une parade. La première chose a été de laisser des commentaires sous les avis plagiés stipulant le copier-coller. Puis nous avons alerté Amazon par le biais du service client. J’ai eu une personne du service client d’Amazon me conseillant d’écrire un mail pour expliquer le problème, ce que j’ai fait ce matin, j’attends la réponse. Mais Clara qui l’avait fait avant moi a, ce matin, reçu une réponse inadmissible à son mail  :
Bonjour,
Nous avons lu le commentaire à propos de l’article"Quatre murs " au sujet duquel vous nous contactez. Nous comprenons votre mécontentement.
Cependant, puisque ce commentaire adhère à nos conditions d’utilisations et règles d’écriture, nous ne serons pas en mesure de le supprimer.
A titre de rappel, vous trouverez nos règles d’écriture en cliquant sur le lien suivant :
http://www.amazon.fr/gp/help/customer/display.html/ref=hp_rel_topic?ie=UTF8&node
Nous sommes désolés pour le désagrément que cette décision peut vous causer. Si vous souhaitez donner votre opinion, vous avez la possibilité de laisser une remarque sur ce commentaire. Vous pouvez également répondre « Oui » ou « Non » à la question « Avez-vous trouvé ce commentaire utile ? ».
Nous vous encourageons enfin à soumettre votre propre commentaire sur cet article, en cliquant sur le lien « Créer votre propre commentaire ».
Nous espérons que ces informations vous seront utiles.
Cette réponse, et  notamment la phrase que j’ai mise en gras et soulignée témoigne donc qu’Amazon cautionne le plagiat sur son site.
Par curiosité, je suis allée lire leurs fameuses conditions d’utilisations et de règles d’écriture. En effet, il n’est pas stipulé qu’il soit interdit de recopier l’avis d’une tierce personne, sauf que, tout en bas, dans une rubrique Important, il est écrit :
Tout commentaire en contravention avec les lois françaises ou ne respectant pas les règles mentionnées ci-dessus ne pourra être publié.
Or, le plagiat est un délit en France et plusieurs articles de loi existent pour le dénoncer et le punir. Ainsi dans le Code de la Propriété Intellectuelle : Article L.122-4 (sur l’interdiction de reproduire sans consentement) ; Article L.122-5 alinéa 3 (concerne les citations d’œuvres qui obligent de citer les sources) ou encore Article L.122-5 alinéa 3, point « a » (qui stipule que les citations sont admises uniquement si elles sont courtes et pour illustrer un propos). A quoi on peut rajouter les articles L.111-1 et L.123-1 du même code de la propriété intellectuelle, qui stipulent la violation des droits d’auteurs. Pour ce qui est des sanctions : art. L. 335-1 à L. 335-10.
Amazon ne respecte donc pas les lois françaises (ça on le savait déjà concernant l’exploitation de leurs employés) et donc son propre règlement, et cautionne même le plagiat en ne voulant pas intervenir et supprimer les commentaires de cette Coline.
En plus des blogueurs-lecteurs, aux dernières nouvelles, des membres d’Allociné sont également concernés par cette serial plagiaire qui ne se contente pas de publier des avis plagiés sur des livres, mais aussi des avis ciné, des avis cosmétiques ou high tech.
Même si nous faisons notre blog pour notre plaisir, sans forcément prendre au sérieux notre travail, il me semble essentiel de dénoncer ce genre de pratiques, et je ne peux que vous inviter à écrire à votre tour un billet sur votre blog sur ce sujet, que vous soyez concernés ou non par cette Coline, parce que si nous ne faisons jamais rien, il est évident que les choses vont empirer.

Ceci est un billet écrit par George du blog "Les livres de George Sand et moi".
Combien de temps a-t-elle consacré à la rédaction de ce billet ? Une heure, deux peut-être ?
Le copier-coller m'a pris 2 secondes.
Il est tellement tentant et facile de s'approprier les avis des autres pour éviter de devoir penser par soi-même (lorsqu'on y arrive).
Loin de condamner le plagiat, Amazon encourage ses "meilleurs commentateurs", peu importe l'origine de leurs avis.
Ce n'est pas la première fois qu'Amazon tente de se soustraire à la loi. Ah si seulement j'étais douée en hacking, j'égratignerais bien quelques lois moi aussi...
 

3 mars 2014

Intermède - Owen Martell



En librairie depuis le mois d'août dernier, "Intermède" est un roman de l'écrivain gallois Owen Martell.

"Intermède" s'inspire d'une période sombre de la vie du jazzman américain Bill Evans, lorsqu'en 1961 son bassiste Scott LaFaro trouve la mort dans un accident de voiture.
Dévasté, le pianiste plonge dans un profond mutisme et est accueilli par son frère Harry et sa femme, puis par ses parents qui essaient de lui changer les idées.

Lorsque j'ai choisi ce titre dans la sélection proposée par Les Chroniques de la Rentrée Littéraire, je m'attendais à ce que le récit se concentre sur l'amitié qui unissait Bill Evans à Scott LaFaro et qu'il explique en somme en quoi la mort de ce dernier avait tellement affecté le pianiste.
Or, je n'ai rien appris sur cette relation. Je l'ai simplement devinée très forte, au vu de l'état dépressif de Bill.
Le décès de Scott LaFaro apparaît plutôt comme un point de départ visant à dresser le portrait d'un artiste au plus bas, humainement et musicalement parlant.
Divisé en 4 parties, il examine tour à tour les rapports de Bill avec son frère Harry, sa mère, son père et puis finalement avec lui-même.
Plusieurs points de vue pour une même partition.
Face au silence de Bill, chacun essaie de lui venir en aide, de remplir le vide à sa manière, l'occasion de revenir sur ces petits bouts d'enfance qui prédestinaient à la musique.
Mais le malaise est là et nul ne sait si Bill s'en relèvera. Il est comme un fantôme que ses proches désemparés tentent de ramener à la vie.


"Intermède" m'a fait l'effet d'un roman contemplatif que j'ai traîné durant des semaines (alors qu'il n'est vraiment pas long), tant son ambiance me pesait et pire, m'ennuyait.
Je regrette de n'avoir pu apprécier cette lecture alors que j'ai bien senti entre les lignes la tendresse particulière que voue l'auteur à son sujet.
Comme l'a dit un jour Miles Davis (avec lequel Bill Evans a d'ailleurs joué) : " La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence."
Je suis consciente que l'essentiel de ce roman réside dans les non-dits mais malheureusement, cela ne m'a pas suffi pour apprécier cette lecture.



Je remercie néanmoins Abeline et leshttp://chroniquesdelarentreelitteraire.com/ de m'avoir envoyé ce livre.


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